IEUFLR : Jour 2:

[curTis newTon]

Citoyen-président,
Si vous n'étiez représentant de la Nation démocratiquement élu, vous verriez quel usage je fais de ma verve et vous la sentiriez passer.
Pendant que ce glorieux aéropage se perd en conjectures, je dresse flamberge au vent et, mon glorieux et légendaire instrument entre les mains, je parcours nos campagnes afin de mater les sursauts royalistes. 'Scusez-moi de reprendre Toulon aux Anglais à la sueur de mon front, hein ?
Vos soupçons me contraignent à rebrousser chemin vers Paris pour me justifier, alors que je comptais poursuivre la perfide Albion, refoulée à la mer, jusqu'à Aboukir, qui sans nul doute eût été une glorieuse victoire à graver au fronton de la République.
Qu'importe, je bondis de clocher en clocher, et me voilà devant vous.
Que vois-je ?
Un citoyen-président désemparé et tournoyant au gré du vent, cherchant de nouvelles têtes à faire tomber pour tenter de sauver la sienne !
Des citoyens saoûlés de leurs propres paroles, titubant sous l'ivresse du pouvoir que la Nation leur a accordé, mais incapables d'actions décisives !
Vous m'accusez de silence, citoyen-président, alors même que pris dans la tourmente de mon devoir, je me casse le col à vous rédiger un Mémoire confidentiel d'une longueur assez conséquente, que si ça se trouve, vous n'avez même pas lu !
Vous m'enjoignez de parler ; je fais donc ici le serment de sortir ma langue de son fourreau et de ne l'y remettre que lorsque le dernier royaliste aura péri.
Et puisque vous semblez ne trouver qu'en un seul citoyen, ou une diversion à l'immobilisme qui vous accable, ou un recours suprême par le biais d'avis éclairé, je ne peux que réitérer mon acuusation à l'encontre du citoyen Florespierre, qui occupe la tribune par des discours oiseux sans conséquence, mais dont l'activité principale semble être de charger le premier innocent qui passe, dès qu'un soupçon se fait jour contre lui.