La 1er guerre de la Mer Noire
Qu'Allah soit loué mille fois. Que des infidèles soient convertis ou tués pour rendre grâce à mon Dieu. Par sa bonté il m'a donné la vie que j'ai eu et je lui en rends grâce. Puisqu'il a fait de moi un lettré, j'espère lui donner un peu de ce qu'il attendait de moi par ce récit.
Introduction
Alors que les dernières années de la décennie 1580 s'achevaient, l'Empire Ottoman avait atteint sa maturité. Le temps de la chrysalide était achevé et il restait à voir si nous nous étions transformé en une larve impériale grotesque ou en un Etat redoutable.
Je sentais déjà en notre peuple les prémices de la fierté, de l'assurance, de l'arrogance d'appartenir à une grande puissance de ce monde. Je me souviens du temps de ma jeunesse où les frontières du nord étaient craintes à outrance peut être. 60 années ont passé depuis et la jeunesse de l'Empire se sent prête à renverser des montagnes.
C'est ce nouvel état d'esprit qui fut à l'origine de la guerre contre les russes. A cette époque, la puissance russe est à son apogée. Tout le monde la craint, personne n'ose l'affronter. Les rumeurs sur le caractère inombrable de cette armée affolent plus d'un monarque. L'empereur-qui-fait-dans-sa-culotte avait, dès 1500, signé un accord secret avec le Tsar qui stipulait en gros ceci : l'Autriche, plus peureuse qu'une femme, reconnaît volontiers la toute puissance de la Russie et la laissera allégrement bouffé du catho comme bon vous semblera Majesté le Tsar, mon maître, et si vous voulez nos terres il ne suffira que d'un ordre de votre part.
Une chose ne peut être dite : c'est que l'empereur-qui-mouille-sa-culotte ne tient pas parole. En effet, en un peu plus de 100 ans, JAMAIS il ne broncha, ne bougea un sourcil à une action russe. Sa loyauté était totale même quand elle en advenait absurde. C'est ainsi que l'Empire Ottoman se retrouva à plusieurs occasions comme le seul défenseur de la Pologne ou de la Lithuanie.
Mais revenons en à notre époque, donc tout le monde craint la puissance russe. Tout le monde ? Non ! Un petit empire local résiste encore à la peur générale et bon an mal an avance ses pionts petits à petits, attendant patiemment le jour où il n'aurait plus à courber l'échine devant la russie. Oh bien sur, il n'avait jamais été question de lui faciliter la tâche et à plusieurs reprises nous nous interposèrent au projet russe mais pour autant d'échecs. Notre peuple n'était pas assez fort, pas prêt mentalement à de grandes ambitions.
En cette fin de XVIe siècle, c'est tout cela qui avait changé. Depuis ma naissance, l'Empire s'était nettement développé. Les conquêtes du XVe siècle dans le Caucase et en Perse occidentale étaient à présent complètement intégrées à l'Empire et avait été complété par les terres voisines. La culture perse s'était répandu dans tout l'Empire, fusionnant même avec celle existante pour donner une nouvelle forme à notre civilisation dont nous pouvons retrouver des influences, aujourd'hui, dans la culture grecque, turque et perse.
Cette politique avait eu de nombreuses conséquences. Economiquement d'abord, le pays avait les moyens de son ambition, une armée permanente de 150000 hommes pouvait être entretenue sans faire souffrir notre économie. Cette solidité économique avait également un impact certain sur notre technologie qui se mis à avancer au même rythme que nos voisins chrétiens dans certains domaines (grande révolution qui fait qu'aujourd'hui l'Empire Ottoman dispose d'une des meilleures tech terrestre du monde). Plus de moyens permettaient de multiplier les oeuvres de foi et l'Empire s'unifie alors progressivement en une même foi. Toujours plus grand, toujours plus peuplé était notre empire, et déjà notre potentiel militaire distançait celui impérial pour nous rapprocher de plus en plus de celui russe.
Ces changements, mes compatriotes les virent autant que moi. D'autant mieux qu'elles s'accompagnaient de nombreuses victoires sur le plan extérieur. La confiance en un avenir toujours meilleur s'ancra dans chaque âme ottomane. Cette optimisme devint glconfiance en soi. Cette confiance devint ambition. Au moment où je couche ces lignes sur le papier, pas un ottoman ne rêve de gloire et de grandeur. Aujourd'hui nous regardons nos frontières du nord non plus avec l'espoir qu'on nous oubli mais avec l'envie d'aller voir ce qu'il y a au delà.
C'est ce contexte générale, la force de l'Etat, cette évolution lente des mentalités tout au long du XVIe, qui explique grandement ce qui se passa au tournant de 1600. L'Empire Ottoman est entré dans ce nouveau siècle en frappant fort, très fort. Il a violemment claqué la porte du siècle et jetté la stupeur parmi les chrétiens. Puissance ne rime plus qu'avec chrétienté. Notre Empire est redouté par nos voisins, soutenu par nos alliés, admiré par le peuple hongrois (et kate est morte...).
L'Empire Ottoman a mis à genoux l'ogre russe !
Le récit
Tout commença en 1579. Notre Sultan aimé, Celui-dont-on-ne-souvient-plus-du-nom V, avait montré de manière publique la confiance qui habitait les ottomans. Il accepta, pour la première fois dans toute l'histoire du monde, de revecoir des envoyés de provinces russes venus se plaindre de leur sort et demander aide et secours. Ce geste incensé alors pour tous les chrétiens du monde était une grande preuve de courage pour les musulmans. Nous reçumes les envoyés de Karkhov, frères de foi. Mais notre Sultan, dans sa grande clairvoyance, accueillit aussi les envoyés orthodoxes de Voronecz. Ces derniers ayant connaissance du bon traitement des chrétiens au sein de l'Empire manifestérent leur confiance en un meilleur sort en tant que sujet du Sultan.
Leurs doléances furent donc entendus en séance pleinière et le Sultan rendit son verdict : l'Empire Ottoman acceptait cet appel à l'aide et faisait immédiatement porter au Tsar une missive l'invitant à reconnaître la volonté de ces 2 peuples.
C'est ainsi qu'éclata la guerre de la Mer Noire. Fort de n'avoir jamais perdu, ou peut être trompé par le fait de n'avoir jamais connu la défaite, le Tsar refusa d'entendre nos réclamations et foula du pied notre avertissement. Il était persuadé que nous ne faisions que bluffer ou, au pire, que notre armée serait broyée en quelques semaines. Bien mal lui en pris. La campagne de Russie avait été merveilleusement préparée par le Sultan et ses généraux. L'Empire Ottoman était prêt à se lancer dans ses rêves de grandeur et à les transformer en réalité.
En automne 1600, la guerre éclatait. Conformément au plan prévu, le Sultan porta une attaque sur le front est, temporisa au centre mais fut pris de court sur le front ouest. C'est dans cette zone que le Tsar avait vraisemblablement choisi de frapper fort. Ne voulant pas sacrifier ses troupes, le Sultan ordonna la retraite générale sur 100 km de la zone ouest. Il fit prélever des renforts sur les armées du centre et mobilisa toutes les réserves restées au coeur de l'Empire.
Sur le front est, tout se passait parfaitement. Dès la première offensive, 10000 russes tombèrent pour seulement quelques centaines de nos frères. Déjà le Mordvar et Saratow subissaient le siège de nos armées. Une contre-attaque russe avait été repoussée et sévèrement affaibli pour garantir quelques mois de tranquilité.
Sur le front central, la temporisation était toujours de rigueur, d'un côté comme de l'autre.
A l'ouest, les Russes ne rencontrant guère de résistance avançaient à grands pas. La Crimée, le Cherson et la Bessarabia était tombé et les armées russes venaient d'atteindre la Silicie, juste à quelques dizaines de kilomètres de Byzance. Le Sultan estima qu'il était grand temps d'agir et d'enrayer l'avancée russe sur ce front.
En été 1601, une offensive moyenne fut lancée sur la Silicie pour la dégager. Pendant ce temps, le Sultan fit convergé d'importantes troupes pour les lancer simultanément sur Bessarabia et la Crimée. La victoire fut rapide en Silicie mais les pertes russes avaient été minimes. Il ne fallait surtout pas laisser à l'ennemi le temps de reformer ses troupes. Les troupes victorieuses de Silicie, renforcée par 20000 cavaliers, foncèrent en Bessarabie. Une première importante bataille se joua là. Aux troupes russes stationnées en Bessarabie s'ajoutèrent ceux retraitant de silicie et quelques renforts milliers d'hommes en renfort. Plus de 20000 russes se trouvaient là quand les 30000 ottomans déferlèrent sur eux. 10000 janissaires arrivèrent quelques jours après en renfort. Après quelques jours de combats intenses, les troupes russes furent décimées. Les armées ottomanes venaient de détruire la menace pesant sur la capitale. Poursuivant son élan victorieux, les troupes encore fraiches se portèrent alors sur la Crimée, appuyés par 10000 janissaires du Kersh. Victoire ! Le front ouest était totalement dégagé et l'Empire venait d'envoyer en enfer plusieurs dizaines de milliers de russes pour peu de morts de son côté.
En hiver 1602, fort de ses premiers succès éclatants, le sultan décida de renforcer l'offensive sur le front est. 20000 hommes furent ajoutés au 20000 déjà sur le secteur et un nouveau siège débuta : celui de Samara grâce à un accès au travers du territoire de notre voisin Timuride. Le Mordvar venait de tomber et une nouvelle offensive russe sur Saratow fut repoussée pour un minimum de pertes de notre côté.
Sur le front ouest, les troupes russes ayant été décimées, l'espace était ouvert pour que nos armées s'y engouffrent. Conjointement avec le front centre, le Sultan lança plusieurs dizaines de milliers d'hommes bousculer les troupes défensives russes situées sur une bande allant de Podolia à Voronecz Les Russes refluèrent sur le secteur ouest et 3 sièges furent entamés. Au centre, la situation fut plus contrastée : Azow et zarapotovia étaient assiègés mais les Russes nous avaient repoussé de Karkhov et Voronecz était encore trop bien défendu pour y lancer un assaut.
La situation se figea durant tout le reste de l'année 1602. Nos troupes poursuivaient les différents sièges et les russes furent à chaque fois repoussés. L'état major jouait la patience et l'économie des troupes. L'objectif était d'attendre que le fruit soit mûr avant de lancer plus en avant les troupes. De leur côté, les Russes rassemblés de nouvelles forces et amorcèrent ce que nous attendions : une contre-offensive sur plusieurs points stratégiques simultanément. Mais encore une fois les troupes ottomanes firent merveille et le Tsar ne retrouva que des lambeaux de son armée. L'année 1602 s'achevait par la conquête des provinces russes frontalières à notre empire, excepté Voronecz et Karkhov.
Les bases d'opérations plus profondes ayant été posées, notre Sultan décida d'amorcer une nouvelle offensive de grande envergure. Sur les trois fronts, les ottomans avancèrent, heurtèrent et repoussèrent les russes. Les combats devenaient de plus en plus acharnés, de plus en plus nombreux. Visiblement le Tsar considérait cette étape de la guerre comme celle décisive : la chute ou la victoire. Les Russes s'acharnaient aux combats, même lorsque les conditions climatiques ou géologiques ne favorisaient pas l'offensive. En maints endroits, des janissaires s'illustrèrent mais ce sont les cavaliers saphy qui soutinrent l'ensemble du front. Ne prenant guère de repos, ils enchainèrent bataille sur bataille, tout en prenant le temps de décimer les fuyards qu'ils croisaient.
Cette pugnacité se paya au prix fort du côté russe. Le silence qui suivi symbolisait probablement les doutes qui rongeaient le Tsar. Karkhov et Voronecz étaient tombés dans la foulée de l'offensive, en un seul assaut. Déjà certains corps remontaient vers le coeur de l'ancienne Lithuanie. Abattu, le Tsar entama des négociations en fin d'année 1603. Nos exigences l'accablèrent. Il pris sur lui une dernière tentative, un baroud d'honneur, qui couta encore le sang de plusieurs dizaines de milliers de russes. C'en était trop. La Russie était vaincue et capitulée selon nos conditions. Au printemps 1604, la paix était signée et l'Empire Ottoman accédait au rang des très grandes puissances militaires.