Bêtisier Sciences-Po
Cette page regroupe les apophtegmes de quelques-uns des professeurs de Sciences-Po qui méritent de passer à la postérité ( les profs ou les apophtegmes ? ). Le chiffre entre parenthèses désigne le nombre de citations de chaque auteur.
Didier Schlachter
Maître de conférences d'économie et de techniques quantitatives.
(Un appariteur vient demander si c'est bien la salle où il faut allumer le magnétoscope) Pas besoin de télé. Le clown, c'est moi.
L'argent c'est comme les femmes. Si on oublie de s'en occuper ça fait le bonheur des autres.
Les statistiques, c'est comme les bikinis, ça donne des idées mais ça cache le plus important.
Dix ans de gaullisme, vingt ans de télé, les chromosomes volent bas !
Vous comprenez ce que je veux montrer, ou c'est clair comme dans un cours ?
On rémunère les salariés à la valeur ajoutée en France ? Ils crèveraient de faim !
Si on ne trouve pas ce qu'on veut, on bidouille le modèle. Si on ne trouve toujours pas, il ne reste plus qu'à bidouiller les chiffres.
(Un élève demande à quoi correspond le plateau dans un cycle Kondratieff) Bon, je sais pas, alors je vais vous raconter n'importe quoi -- dans un colloque, je peux raconter n'importe quoi, y en a pas cinq qui comprennent.
Kondratieff, ça fait plaisir aux historiens. Mais en dehors de ça...
(à propos de la politique industrielle française) L'État devrait plutôt faire une politique d'environnement. Privilégier la formation au lieu de former des privilégiés... (murmures dans la salle, petits rires, plusieurs tss...) Quand on intervient dans un mouvement politique en tant qu'intello, faut lancer deux ou trois remarques à la con dans ce genre là. Ça leur fait plaisir.
Michel Pébereau
PDG de la BNP, prof d'économie politique à Sciences-Po.
En économie de marché, le marché occupe une place essentielle.
Dans un modèle de concurrence pure et parfaite, on estime que la concurrence est pure (l'amphi ajoute : et parfaite). Oui, aussi.
(Inscription sur une table de l'amphi Boutmy) Plus libéral que Pébereau, t'es américain.
Yann Padova
Administrateur de l'Assemblée nationale, maître de conférences d'économie
Il y a débat pour savoir si Keynes a été trahi par les keynésiens. Alors, le keynésianisme canal historique...
L'État, c'est comme le marché, vous trouvez ce que vous voulez.
Normalement, il se passe... Enfin, normalement... On est dans un cadre théorique, quand même.
Un oiseau chante dans le jardin. ) Bon, c'est pas bientôt fini, ce portable ?
(sur la baisse du prix du baril de pétrole) À court terme on a un effet désinflationniste : il y a une diminution du coût de la production qui se diffuse à l'ensemble des prix... (interruption : Oui mais le prix ne baisse pas à la pompe...) Peut-être, mais c'est le raisonnement théorique qui m'intéresse.
Les hypothèses de Solow sont assez fortes : économie fermée (un élève : Donc ça ne marche qu'à Cuba...), rendements factoriels décroissants, substituabilité parfaite du capital et du travail, taux d'épargne exogène, croissance démographique exogène (gloussements dans la salle) , progrès technique exogène... (le même élève : Bon sang, c'est dans un univers parallèle, ça !). Ben, moi je suis là pour vous apprendre des concepts... Après...
La variable exogène c'est Dieu. Et Dieu, c'est le progrès technique. (à propos du modèle de Solow)
G (le taux de croissance) dépend de la période et de votre bonne foi.
C'est de la rhétorique. Ça dépend de ce que vous voulez démontrer.
Jean-Emmanuel Ray
Le Conseil d'État, soucieux de la justice et des médias...
Ça marche bien du point de vue social et marketing...
Édouard Philippe
Auditeur au Conseil d'État, maître de conférence de droit administratif
(Sur les nouveaux droits des administrés). Alors vous ressortez tout, le décret du 28 janvier 1983, ce qu'il y a dans le décret du 28 janvier 83, la date du décret du 28 janvier 83...
(Sur le même sujet). Les exemples étrangers, il y a la Nouvelle-Zélande. Là bas ça a été ultra-libéral. Évidemment, vous connaissez pas la Nouvelle-Zélande, intellectuellement parlant. Tout ce que vous savez, c'est qu'ils nous mettent un pruneau au rugby tous les ans et qu'on leur coule un bateau tous les dix ans. Mais la Nouvelle-Zélande, c'est la fête du slip du libéralisme.
Le patron des chaînes publiques est nommé par le CSA. Il paraît que ça garantit son indépendance. Mon œil, et une autre partie de mon anatomie.
Ça, vous ferez l'an prochain, quand vous ferez du vrai droit, et pas, comme cette année, le droit administratif raconté aux enfants.
(Sur la responsabilité sans faute). Responsabilité du fait des lois. Là, c'est CE Sté des produits laitiers La Fleurette. Vous savez, les produits laitiers, nos amis pour la vie.
(Conférence de rattrapage tenue au Conseil d'État, le prof nous conduit jusqu'à la salle). Bon, là, ayez pas l'air trop excités en passant, il y a des vieux, ça pourrait leur faire un choc.
Surtout, ne croyez pas ce que vous lisez dans la presse quand il s'agit de droit. La dernière fois, j'ai lu un article dans Le Monde, j'étais mort de rire tellement c'était idiot. C'était un magistrat, en plus. Judiciaire, d'accord, mais quand même... Enfin, heureusement que personne ne lit Le Monde.
Qui ici ne connaît pas l'arrêt CE 1995 Commune de Morsang-sur-Orge ? (Deux personnes lèvent le doigt) C'est l'histoire du lancer de nain. (Les deux élèves : Ah bon ? On connaît, alors !) Evidemment, si je vous dis lancer de nain, tout de suite ça vous fait rêver.
(Sur la particularité des officiers de police judiciaire)Ça vous connaissez pas, et moi non plus, sauf ceux qui ont fait du vrai droit normal avant.
(Sur la substitution du préfet au maire, en cas de carence, en matière de police administrative) Bon, par exemple, vous avez une baie (dessine au tableau), avec trois communes limitrophes. Sur le bord de mer vous avez des boîtes de nuit. C'est des choses qui arrivent. Et puis derrière vous avez des immeubles d'habitation. C'est des choses qui arrivent aussi. Bon, le problème c'est qu'il y a des gens qui veulent s'amuser, et que dans les immeubles il y a des vieux qui ont sué et maintenant qui gagnent leur retraite sur ceux qui travaillent. Le maire de la commune, là (montre la comune de gauche sur le tableau) fixe la fermeture des boîtes à trois heures du matin. Celui de la commune du milieu, sur sa commune, il y a surtout des vieux alors il dit une heure. Et celui de droite, il a plein de jeunes alors il dit six heures. Le problème c'est que la musique ici (montre la commune de droite) ça s'entend là (montre celle du milieu) . Alors qu'est-ce qu'il fait le préfet ? Il colle tout à six heures parce que c'est moi qui ai préparé l'arrêté.
(À propos des contrôles d'identité). La conception police administrative, c'est : on contrôle les papiers de quelqu'un pour préserver contre une atteinte éventuelle à l'ordre public. Ça peut aller loin, comme conception. Moi, on m'arrête rarement dans la rue quand je suis habillé comme ça (il est en costume). On m'arrête déjà plus le dimanche matin quand je suis pas rasé et pété. Mais les policiers aussi, le dimanche matin...
(Question sur le pouvoir de police générale du préfet de région : un élève affirme que le préfet de région est compétent dès lors que le trouble menace plusieurs départements limitrophes) Je croyais que ça passait pas le téléphone et pas par le droit...
(Tout le monde cherche à récupérer sur son voisin la définition du service universel)Je vais vous la redonner la définition, arrêtez de psychoter.
Le 90-2 (article 90-2 du Traité de Rome) est passionnant. (Silence) Si, si, je vous assure.
Le 90-2 est dans tous les bons manuels et dans tous les Traités de Rome.
Si on avait une vision ayatollesque du droit communautaire...
Là, vous casez un bon paragraphe techno. Ça fait très bien.
Il y a aussi le Conseil européen des chefs d'État et de gouvernement. C'est un truc de Giscard d'Estaing. (un temps). Giscard d'Estaing. C'est un homme politique qui a été président de la République dans les années soixante-dix.
Pendant la reprise d'un exposé : [l'arrêt] Cohn-Bendit, c'est en soixante-huit. (la conf : Soixante-dix-huit.) Bon sang, c'est vrai. Enfin, en soixante-huit aussi. (un temps de réflexion) J'ai jamais été très bon en droit.
Les résolutions, c'est comme les rapports. (un temps) C'est vachement intéressant. (un temps) Et puis ça fait bien sur un bureau. à propos de l'article 88-4
C'est quelqu'un qui bosse à la Cour des Comptes, je crois... Un bon techno, comme vous les aimez. (à propos d'une référence bibliographique)
Arrêtez de penser qu'il y a du droit constitutionnel et du droit administratif, ça existe pas !
Vous cantonnez pas à une approche bêtement juridique.
Pourquoi vous dites efficience ? Vous cherchiez un terme technocratique pour efficacité ?
Vous avez dix mouches dans votre chambre. Si vous napalmez la chambre, vous êtes efficace. Si vous avez une petite tapette à mouches et que sur les dix coups que vous tapez, vous tuez les dix mouches, vous êtes efficient.
Le jour où le Sénat tapera sur les collectivités locales, il fera beaucoup, beaucoup plus chaud qu'aujourd'hui.
Angoulême, c'est complètement ruined. Comme dirait Thierry Roland, c'est rapado rapado.
On parle pas du même niveau. Je parle du droit, vous parlez du Var. (à propos de la différence entre clientélisme et corruption)
La péréquation, c'est pas compliqué. Prenez Neuilly et Pétaouschnock.
Ça, c'est de la bidouille administrative.
Si je deviens gâteux, vous m'arrêtez.
Là, faut clarifier tout ce qui est tuyauterie financière.
(Le dernier cours avant les vacances de février : Y'a personne aujourd'hui. Ils sont tous partis à Chamonix, les salauds !
Ça fait bien parce que ça donne l'impression d'être vaguement juriste. En plus, c'est vrai. pendant une correction de galop
Personne n'est arrivé en slip devant le sujet. idem
Bertrand Fragonard
Conseiller à la Cour des Comptes, professeur associé en droit social à Paris II et à Sciences-Po.
Ça fait des discussions, mais vu de Sirius ça change rien.
J'ai été techno moi-même, je sais de quoi je parle.
Y'a quand même pas des brutes avinées d'extrême-droite et des gens de gauche généreux. Enfin, pas totalement.
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