Henri IV était protestant, mais pas un fanatique.
Il s'était déjà converti (le couteau sous la gorge

) après la Saint-Barthélémy, où il était passé très près de la mort.
Mais le problème n'était pas là...
Jusqu'à sa conversion, plus que le roi, il est le chef du parti protestant en France, et la plupart de ses partisans sont protestants. Son abjuration sera avant tout un acte politique : à mon avis, il se serait fait musulman, s'il l'avait cru utile au bien du royaume. Mais, en se convertissant (ce qu'il appelle avec humour "faire le saut périlleux"), il risque de perdre l'appui des protestants, sans être sûr de regagner un soutien du côté catholique.
Il devient roi en août 1589, et se convertit en juillet 1593, soit presque 4 ans après. Pourquoi ? Parce qu'au début de cette période, la France est totalement coupée en deux et qu'une conversion serait politiquement inutile. Puis, peu à peu apparait un "Tiers Parti", qui en a assez de la guerre civile, des prétentions des Grands au trône, de la mainmise de l'Espagne et des excès des Ligueurs et qui rassemble bientôt une grande partie des français. Et Henri, qui est fin politique et bon connaisseur de l'opinion publique, le sent. Il n'a plus qu'à choisir le moment opportun pour sa conversion, et c'est ce qui assurera sa victoire.
Plus tard, en 1598, il promulguera l'Edit de Nantes, qui n'est pas seulement un acte de tolérance, mais aussi (et avant tout, dirais-je) un gage politique qu'il donne à ses anciens coréligionaires - et c'est bien ainsi que l'interptéteront ses successeurs qui n'auront de cesse que de l'abroger).
P. S. : Henri IV est le seul roi de France pour qui j'éprouve une totale estime - disons que j'aurais voté pour lui s'il s'était présenté aux présidentielles