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Vieux 13/10/2005, 11h13
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Perceval le Gaulois
 
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Hum, je ne partage pas tout-à-fait l'avis de Cypho sur le brassage (sauf sur le miam miam), et sur l'union effective du pays. Alors je vais apporter aussi ma pierre au moulin, en sachant que dans l'histoire je suis un gentil (bruxellois, donc bilingue :roll: et neutre alors que Cypho est wallon, donc paresseux et magouilleur (je déconne, bien sûr))

La Belgique, déjà, est située sur une frontière culturelle : le sud est "latin", et le nord, "germanique" ; les francophones de Belgique sont à la périphérie de la zone culturelle "française", et les flamands sont davantage influencés par la culture anglo-saxonne.

Comme disait Chazam, deux langues différentes, ça n'aide pas non plus, d'autant qu'il s'en est toujours trouvée une pour "oppresser" l'autre : avant l'indépendance, le hollandais était la seule langue officielle (ce qui veut dire études, actes administratifs, justice, etc en flamand, même pour les francophones). Ensuite, c'est le français qui a été imposé comme langue officielle (même pour les flamands). Durant, le XIXè, l'existence des deux langues recouvre aussi une distinction entre classes sociales : en Flandre, les bourgeois, industriels, gros propriétaires sont francophones, et ceux qui parlent flamand sont les "pauvres". D'où quelques ressentiments légitimes, aggravés par le fait que ces deux langues/cultures ne se sont pas unies spontanément mais ont été "forcées" de vivre ensemble.

On en arrive alors, au XXè siècle, pour tenter de satisfaire tout le monde à délimiter précisément un "ça c'est chez toi, ça c'est chez moi et chacun prend ses affaires" (frontière linguistique, walen buiten, scission de l'université de Louvain, Bruxelles bilingue, etc), jusqu'à en arriver au "meccano institutionnel" à la Belge (3 communautés, 3 régions (mais pas identiques aux communautés) des commissions culturelles communes, des transferts financiers du fédéral aux régions, des querelles sur les communes bilingues et à facilité linguistiques, etc).

Les politiques aggravent encore les dissensions en jouant sur le nationalisme (en Flandre) ou le régionalisme (en Wallonie), parce que c'est parfois électoralement porteur. En Flandre, le premier parti en terme d'opinions est le Vlaams Belang (ex-Blok), dont le discours en gros est "ça fait des années que les francophones nous oppriment, maintenant l'argent de nos impôts servent à payer leur chômage, il est temps de devenir indépendant". Les autres partis politiques flamands se sentent obligés de reprendre une partie de ce discours à leur compte, pour éviter de passer pour de "mauvais flamands". Les wallons régionalistes ont un discours plus bonhomme, quoique récemment, le président du PS, de loin le premier parti wallon, a déclaré que si la Flandre voulait la scission, tant pis pour eux, la Wallonie pouvait se passer d'elle.

Ajouté à ça que chacune des communautés à ses propres chaînes de télé, ses chanteurs et ses journaux, on arrive à la situation qu'un Wallon partage finalement plus de codes culturels avec un Français qu'avec un Flamand.

Et que tous les deux mois, on a un débat télé sur le thème "Quel avenir pour la Belgique ?" ou une couverture de magazine "Qu'est-ce qui nous sépare des Flamands".

:roll:
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"Violer la grammaire rend le langage bâtard." (Ar Sparfell)

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