J'en profite puisque le bouquin vient tout juste de recevoir le Goncourt : je suis en train de lire
les Bienveillantes de Jonathan Littell, et je le recommande chaudement.
Le théme est assez sombre (les mémoires fictives d'un officier SS durant la guerre) et le bouquin un véritable pavé (plus de 900 pages) et pourtant...
l'écriture, le réçit en lui même, et étrangement, l'humanité du héros (pourtant une pourriture particuliérement tenace puisqu'il est affecté aux Einzatsgruppen, les commandos qui éliminent Juifs, Tziganes, communistes, malades mentaux, etc. à l'arrière du front) en font certainement l'ouvrage le plus interessant (et incroyablement bien documenté) que j'ai lu sur cette période (avec un avantage par rapport à un Beavor : sortant du cadre même du récit de bataille, ici anecdotique, on peut s'y interesser sans forcémment être branché par des descriptions sur qui commandait le 58iéme bataillon du 3iéme régiment de la 184éme division... )
Bref incoutournable. J'ai terminé le 1er tiers, et le 'héros' se retrouve à proximité de Stalingrad, aprés qu'on ait suivi sa progression en Ukraine, en Crimée et dans le Caucase.
Attention quand même, le bouquin n'hésite pas à être particuliérement cru sur les exactions commises, mais l'intelligence de l'auteur, je crois, c'est bien d'avoir mis ça en évidence : ces saloperies, finalement, tout le monde pouvait les commettre en rentrant dans un engrenage sans fin.
De toute façon, j'avais été scotché dés les premiéres lignes, lorsque l'auteur, par la voix du héros, balance les chiffres que tout le monde connait (6 millions ... 20 milions) et leur donne à nouveau du poids en nous faisant comprendre cela : 20 millions de russes morts, c'est 1 Russe mort toutes les 6 secondes durant les 4 ans du conflit, c'est 1 Juif mort toutes les 20 secondes pendant 4 ans, 1 Allemand mort toutes les 40 secondes pendant 4 ans.
1 minute de guerre, c'est 14 morts en plus à l'est ...
L'intro est particuliérement etouffante, et a au moins l'avantage de redonner du sens à ces chiffres qui, depuis un moment, ne signifiaient plus grand chose (de par le nombre incalculables de bouquins historiques traitant de la période)
Grand ouvrage...