La durée moyenne d’un rapport sexuel chez un individu mâle est aujourd’hui de cinq à sept minutes. Un nouveau médicament contre l’éjaculation précoce, la dapoxetine, pourrait porter cette moyenne à vingt minutes. Pour autant, les êtres humains ne battraient aucun record d’endurance. Les coïts qui durent
“des jours et des heures n’ont rien d’exceptionnel”, explique Olivia Judson, biologiste évolutionniste et auteur du
Manuel universel d’éducation sexuelle à l’usage de toutes les espèces. Les papillons, les serpents et les mouches peuvent tous y passer des heures, indique-t-elle. Le tenant actuel du record est le phasme, affirme John Alcock, un biologiste évolutionniste de l’université d’Arizona. Chez cet insecte, l’accouplement
“peut durer des mois”. Il n’est pas certain que la femelle apprécie. Le phasme mâle se plante sur le dos de la femelle et s’y accroche. Heureusement pour cette dernière, le mâle ne mesure environ que la moitié de sa taille. Bien que fort encombrée, elle peut continuer à vaquer à ses occupations. Chez beaucoup d’espèces, explique Alcock,
“les deux sexes parviennent parfaitement à se nourrir pendant l’accouplement”.
Pour Judson, en s’accrochant à la femelle, le phasme mâle ne traduit pas tant son ardeur que sa possessivité. Il se peut que les mâles aient développé cette propension à l’attachement conjugal pour tenir les autres mâles à distance de la femelle choisie. Ils s’assurent ainsi que seule leur semence ira fertiliser les œufs.
D’autres animaux s’accouplent pendant de longues périodes, car ils ne se contentent pas de déposer du sperme pendant le coït. Les mouches mâles injectent à leur femelle une substance qui leur fait perdre tout intérêt pour la chose. Elles sont ainsi moins susceptibles de copuler avec d’autres mâles.
Certaines espèces de tiques passent environ huit heures en préliminaires, raconte Judson. Elles essaient probablement d’éliminer le sperme laissé par un rival, ce qui explique aussi souvent pourquoi l’accouplement peut durer des heures ou des journées entières. Pour d’autres espèces, l’acte sexuel joue un rôle de stimulateur d’ovulation.
“C’est peut-être un genre de test”, avance Judson, qui permet aux femelles d’être fécondées uniquement par les mâles
“suffisamment forts pour supporter tout ce cirque”.
Et qui détient le record de rapidité ? Chez les chimpanzés, nos plus proches parents, le mâle ne tient pas plus d’une minute. Les femelles s’en accommodent en passant – rapidement – au suivant : les scientifiques se sont aperçus que les femelles chimpanzés pouvaient s’accoupler avec pas moins de huit mâles différents en quinze minutes. Des scientifiques de l’université d’Utrecht, aux Pays-Bas, ont récemment découvert qu’il existe également de grands écarts entre les humains. Après avoir donné des chronomètres à 500 hommes originaires de cinq pays différents, ils leur ont demandé de mesurer la durée de leur performance. La moyenne était de 5,4 minutes, mais les résultats s’étalaient de trente secondes à quarante-cinq minutes.
Bien que l’échantillon soit certainement trop restreint pour permettre de tirer des conclusions sur les nationalités, les Britanniques remportent la palme de l’endurance avec une moyenne de 7,6 minutes, talonnés par les Américains, à sept minutes pile.
D’après l’Association américaine d’urologie, une proportion impressionnante d’hommes, de 27 % à 34 %, souffre d’éjaculation précoce. Avec autant de clients en puissance, la datopexine est promise à un succès encore plus phénoménal que le Viagra.
St. Louis Post-Dispatch, Saint Louis (Missouri)
