Je lis en ce moment le dernier numéro spécial du "Fana de l'Aviation" consacré à "La dernière année de la Luftwaffe".
L'étude est passionnante et mérite que je vous en touche un mot.
L'auteur s'est focalisé sur la dernière année de la guerre, considérant que la plupart des études consacrées à la Luftwaffe font plutôt état des exploits de la Luftwaffe, de ses heures de gloire ou bien de la fascination qu'ont exercé les "armes secrètes". Bref, dès qu'il s'agit de décrire et d'expliquer le déclin de la Luftwaffe, il n'y a quasiment plus personne!
Son étude passe donc en revue tous les problèmes auxquels ont été confrontés les Allemands durant leur dernière année de combat.
Parmi ceux-ci, on peut noter: les contraintes indutrielles, les difficultés à former des pilotes, la disproportion des forces, les problèmes d'approvisionnement en carburant, les doctrines d'emploi, les problématiques liées aux différents fronts, etc.
Une partie de l'étude m'a particulièrement intéressé et interpelé. Elle concerne les armes nouvelles: Me 262, Me 163, Ar 234, Mistel, Fw190 "long nez", He177, canons embarqués, missiles anti-air, bombes volantes, bombes planantes, fusées, etc.
D'une manière générale, toutes ces armes étaient remarquables par leur ingéniosité. En apparence, elles donnaient à la Luftwaffe une avance technologique considérable. En apparence seulement...
Car, la première réflexion qui me vient est la suivante: toutes ces armes ont nécessité un temps d'étude extrêmement long avant leur mise en service, souvent imparfaite et décevante. La débauche d'énergie, de ressources, de temps, de moyens divers n'aurait-elle pas été plus efficace dans la production d'armes plus "conventionnelles"? Le contre-exemple américain est éloquent: ils ont produit en masse du matériel fiable, très efficace, parfois rudimentaire mais jamais dépassé.
La deuxième réflexion concerne la sur-évaluation qu'on a pu faire de ces "armes secrètes". Le Me 262 était, certes, un avion révolutionaire, mais ses moteurs avaient une fâcheuse tendance à lâcher en pleine action! Le Me 163 était extrêmement rapide, mais avec un rayon d'action de 40 kilomètres (:éttoné: ), les alliés ont vite trouvé la parade: ils évitaient soigneusement de passer dans les zones de déploiement de l'avion fusée allemand

qui ne servait donc plus à rien! L'Ar 234 aurait pu être un bombardier remarquable, mais les Allemands n'ont jamais su comment s'en servir efficacement... il s'est donc généralement contenté de missions d'observation. Je vais pas tous les passer en revue, mais tout ceci me laisse le sentiment que les Allemands s'étaient enfermé dans une certaine vision... comment dire... "romantique" de la guerre en cherchant à répondre à l'écrasante supériorité numérique alliée par une hypothétique "surpuissance" technologique et, de ce point de vue, ils ont poursuivi une chimère.