La 2e guerre de Hongrie (ou l'art de raconter une guerre quand on a aucun screen, aucun souvenir des dates et de grands faits)
Aux temps où l'OM renaissait de ses cendres, tel le phénix, pour entamer un nouvel envol, aux temps où Danton feignait la maladie pour éviter mon courroux, le souvenir de la 2e guerre de Hongrie était passé. Rares étaient ceux qui en connaissaient même l'existence. C'est pourquoi, moi descendant d'un des acteurs de cette guerre, j'ai décidé de vous raconter ce que mon père m'avait raconté qu'il tenait de son père, qui lui-même le tenait de sa mère (c'est pour changer un peu) qui le tenait de.....etc.
Cette guerre mis aux prises une nouvelle fois les forces impériales, commandés par le redoutablement mauvais archiduc d'Autriche, et les forces ottomanes guidées par la sagesse et la bonté du Sultan. D'aucuns disent que d'autres nations s'en mêlèrent, mais dans notre famille on n'y a jamais cru. En tout cas, sur le champ de théâtre hongrois on ne trouvait qu'impériaux, turcs et un peu de hongrois.
Plus personne ne sait aujourd'hui quand se déroula précisément ce conflit. Certains historiens le font débuter à la fin des années 1470 et finir au début des années 1480. D'autres évoquent des bornes chronologiques plus tardives d'une dizaine d'années environ. Par contre ce que l'on sait bien, c'est pourquoi ce conflit éclata et qui le remporta.
A cette époque, un brutal et cruel barbare régnait en Autriche. L'envie était son pain et la jalousie son eau. Pas un seul jour que Dieu faisait sans que ce prince fasse parler de lui en mal. Même ses sujets le maudissaient mais sa cruauté n'avait d'égale que sa force et il ne faisait donc pas bon d'afficher publiquement ses pensées.
Un jour, alors qu'il voyageait dans l'ancienne province hongroise de Pëcs (prise de force quelques décennies auparavant par son père), il aperçut un petit château fort cossu avec climatisation, ascenseur, chauffage central et eau courante. Son palais de Vienne fait de torchis, de bois et de paille paraissait bien fade à côté. Il décida donc qu'il passerait la nuit dans ce petit château. Evidemment, les occupants château furent exécutés car ce cruel despote avait décidé de s'approprier cette demeure.
Or, cette malheureuse famille était, comme tout le peuple hongrois d'ailleurs, de fidèle patriote. Jamais ils n'avaient abandonnés leur allégence au roi de Hongrie et à la famille royale hongroise. Parmi elle, plus que nul autre, plus que le roi même, une princesse hongroise suscitait l'admiration et l'amour de tous. Sa beauté n'était concurrencé que par sa bonté de coeur. Chez beaucoup de hongrois, une véritable dévotion s'étaient instaurée pour cette princesse dont les représentations se multipliaient.
C'est ainsi, alors qu'il déambulait dans le grand couloir de ce petit château, que le méchant archiduc tomba nez à nez avec un portrait de la princesse :
Evidemment, même le plus noir des coeurs ne pouvait rester indifférent à tant de beauté. Aussi fou que cela puisse paraître, le coeur de ce prince noir se mit à frémir. Malheureusement, Envie et Jalousie veillaient et étouffèrent dans l'oeuf ce qui aurait pu être de l'amour dans ce coeur de méchant homme. Elles ne laissèrent subsister que Convoitise.
Et c'est guidée par elle, que l'archiduc exigea de son intendant qu'il aille immédiatement au village le plus proche demandait qui est cette personne. Qu'il tue tous les villageois si cela est nécessaire pour obtenir une réponse. Il n'eut pas à attendre longtemps. Quelques heures plus tard il connaissait son nom, son origine et sa situation présente. Elle s'appelait Eva Mendes et était fille du roi de Hongrie. Lorsque l'intendant annonça où se trouvait actuellement cette beauté, ce fut ses dernières paroles avant que l'abominable archiduc le transperce avec son épée ivre qu'il était, de colère, à la nouvelle. Car la sublime princesse Eva Mendes était tout simplement la 1er épouse du Sultan. On dit même que le Sultan n'aima et ne connut charnellement aucune autre femme à partir du jour où il l'épousa.
C'est ainsi que tout commença...à cause d'un tableau. Dans sa convoitise, l'archiduc ne recula devant rien. N'ayant aucun honneur, il envoya de nombreux hommes à la cour ottomane pour déclarer ses intentions à la belle. Il la courtisait publiquement et à travers ses ambassadeurs. Il exigeait du sultan qu'il la lui donne comme si celle-ci était un objet. La princesse resta évidemment indifférente aux avances peu élégantes de ce prince à la réputation si noire. Le sultan, qui au début se gaussait assez de la situation, commença petit à petit à perdre patience. Chez les chrétiens aussi il était interdit de convoiter la femme de son prochain, le sultan ne comprenez pas ce comportement outrancié. Il voulait vivre en paix avec sa femme, mais n'hésiterez pas à récourir à la force si c'était le seul moyen d'atteindre cette paix.
A chacun de ses (nombreux) échecs, l'archiduc entrait dans une rage folle, cassant tout ce qu'il avait sous la main, tuant même parfois ses domestiques. Il comprit qu'il ne pouvait gagner le coeur de cette femme mais ne renonça pas pour autant à la faire sienne. Il ourdit alors une sombre machination. Il fit réunir son état-major et son armée pour préparer la guerre contre la Hongrie... Personne dans son Etat major n'osa lui faire quelconque remarque même si tous n'y voyait que folie. L'objectif de ce vil prince était de capturer la famille de la princesse. Ainsi il escomptait obtenir du père qu'il dénonce le mariage de sa fille d'avec le sultan et la promette à l'archiduc. Son autre espoir était de lancer un ultimatum à la princesse Eva Mendes : soit elle se livrait soit sa famille serait exécutée. La guerre éclata.
Heureusement pour le camp des gentils, le sultan et la princesse, dont l'intelligence égalait la beauté, se méfiaient depuis longtemps de ce tyrannique prince et faisait attentivement surveiller les frontières de la Hongrie. Car depuis que la princesse avait apporté la paix dans le coeur du sultan, celui-ci avait reconnu son erreur et ne convoitait plus le royaume de Hongrie qu'il souhaitait voir prospérer. A la nouvelle de l'avancée des troupes impériales vers la frontière hongroise, le sultan ordonna à son armée de pénétrer en Hongrie et de défendre son peuple et la famille royale. C'est ainsi qu'une situation pour le moins originale se constitua : un musulman défendait un royaume chrétien contre un chrétien.
La guerre dura plusieurs années. Les troupes ottomanes fortes du bon droit de leur côté, encouragées par le peuple hongrois et remarquablement commandées par un sultan qui en avait fait une affaire personnelle, écrasèrent les troupes impériales et les firent décamper des terres hongroises. Progressivement, les troupes ottomanes pénétrèrent en Autriche et s'approchèrent de Vienne. Certaines troupes entamèrent même un siège de la capitale impériale mais ne purent si maintenir assez longtemps. De toute façon cela n'était plus nécessaire. L'archiduc, abandonné de tous et vaincu, se résolut à la paix. Le sultan exigea qu'il cesse de convoiter sa femme, qu'il laisse à l'avenir tranquille la Hongrie et libère le petit peuple de Karaman anciens vassaux des autrichiens.
Une fois de plus l'amour triomphait du mal et la princesse, rayonnante, fit grande fête à son héros à son retour