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Vieux 04/04/2007, 15h26
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Je remonte cette discussion, dans laquelle je n'étais pas intervenu (probablement parce que mon aimable caractère de hobbit s'accomode mal d'un climat aussi virulent ), pour faire quelques petites remarques.

Sur Robespierre : au départ, il était très opposé à la guerre étrangère et n'était pas au pouvoir, me semble-t'il, quand elle fut déclarée. Danton (un vrai pourri ) est le principal responsable de cette guerre et est aussi très mouillé dans les massacres de septembre, l'instauration de la Terreur et la création du Tribunal Révolutionnaire.

Sur Bonaparte (comme d'autres franconautes, je suis incapable de le nommer autrement ) : il a commencé sa carrière en fervent révolutionnaire et a du ses premiers commandements au soutien de Robespierre (Augustin Robespierre ) et du Comité de salut Public. Je donne mon opinion pour ce qu'elle vaut : je préfère les hommes qui meurent pour respecter leurs convictions (comme Saint Just) à ceux qui ne vivent que pour favoriser leurs intérêts personnels...

Sur l'Amérique latine : Parler de la politique et de ses acteurs dans cette région du monde est impossible sans évoquer l'action des USA.
La doctrine Monroe de 1823 posait, rappelons-le, trois principes : le premier affirmait que le continent américain devait désormais être considéré comme fermé à toute tentative ultérieure de colonisation de la part de puissances européennes, et le second, qui en découle, que toute intervention d'une puissance européenne sur le continent américain serait considérée comme une manifestation inamicale à l'égard des États-Unis. En contrepartie, toute intervention américaine dans les affaires européennes serait exclue.
En clair, cela signifiait que les USA (qui venaient de commencer sa marche vers l'ouest) se réservait la colonisation de tous les territoires que l'on a plus tard appelé le Far West.
Le deuxième point visait évidemment à permettre aux américains (du nord) tout ce qu'ils interdisaient aux autres, par exemple de piquer au Mexique une bonne partie de son territoire (Texas, Nouveau Mexique, Arizona, Nevada, Californie...).
Le troisième point était une pure rigolade : qu'est ce que les américains auraient été faire en Europe, où il n'y avait pas de terres à coloniser et dont la politique ne les intéressait pas ?
Donc, un monument d'hypocrisie
Et il faut bien dire que la suite n'a pas été plus reluisante : les intervention répétées et armées dans la politique intérieure mexicaine, puis plus tard, la mainmise économique sur les pays d'Amérique Latine (ce qu'on a appelé les républiques bananières), creusement du canal de Panama (et création d'un état fantoche ad hoc pour l'exploiter). Un des plus beaux exemples de ce mépris des USA pour les états "latins" du continent étant l'implantation quasi officielle de la Mafia (Vito Genovese, Lucky Luciano) à Cuba (dont l'économie appartenait presqu'en totalité aux américains du nord), alors dirigé par un ex sergent de l'armée nommé Batista et dictateur parfaitement ubuesque. La Havane était en gros un paradis pour riche américain joueur et vicieux.
Là dessus s'est rajouté la peur viscérale des USA devant tout régime "communiste", avec pour exploit le mieux connu, l'organisation du coup d'état chilien du 11 septembre 1973, contre un président élu parfaitement démocratiquement et personnellement irréprochable (et pas du tout communiste, d'ailleurs).
Citons aussi pour mémoire l'inénarrable épisode Noriega, installé par les américains au Panama pour tenir le pays et authentique tortionnaire, qui non seulement devient trafiquant de drogue mais se révèle être un agent double au service de l'URSS et de Cuba, et dont ils eurent le plus grand mal à se débarasser.

Tout cela pour dire que les yankees étaient presque unanimement détestés en Amérique Latine au siècle dernier (et encore aujourd'hui, si ça se trouve ).

Alors, quand un individu comme Castro, fils d'un richissime planteur (ami de Batista ), arriviste opportuniste égocentrique et sans grandes convictions politiques par ailleurs (il ne s'est rapproché de l'URSS que parce qu'elle constituait l'unique pouvoir capable de contrebalancer les States), profite de cet état de déliquescence pour s'emparer du pouvoir, tout le monde applaudit, et surtout à Cuba et même des personnes qui sont maintenant ses opposants. La personnalité de Castro est contestable, la légitimité de son engagement initial l'est beaucoup moins. Maintenant, quand les USA viennent proclamer que Castro est un tyran (ce qui est vrai), ils me font penser au pyromane qui crie "au feu"
Guevara a aussi bénéficié de cet état d'esprit. Issu, comme Castro, de la bonne bourgeoisie (dont seuls les membres, à l'époque, pouvaient accéder à une éducation supérieure), il a viré au marxisme en réaction contre les inégalités sociales... et n'était sûrement pas pro-américain. Ce n'est pas quelqu'un d'exceptionnel et il n'est pas exclu qu'il ait commis quelques saloperies. Mais il a deux chances : il continue la lutte armée en Afrique, puis en Amérique du Sud, alors que ses anciens amis pantouflent dans la tyrannie de gauche ou sont éliminés par Castro et il est très beau garçon. D'où son itinéraire d'icône révolutionnaire et de star des tee-shirts.

En ce qui concerne Robespierre, Lénine et Trotsky, ce sont trois représentants de cette variété de "révolutionnaires" que je déteste, idéologues à tout crin et prêts à sacrifier l'Humain à leur obsession. Je trouve en particulier le personnage de Lénine absolument glaçant, pire peut-être que Staline.

Pour Ric : Je suis marié, j'ai des enfants, depuis quelques semaines propriétaire d'une maison et... ruiné pour le reste de ma vie
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Dernière modification par Otto Granpieds ; 04/04/2007 à 15h28.
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