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Vieux 20/10/2005, 15h41
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Aspirant franconaute
 
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Départ de Rouilly le 31 Janvier 1940 à pieds pour Liart (Ardennes) où nous arrivons à 16 heures pour repartir le 1.2.40 toujours à pieds pour la Hardoye. Ayant mal aux pieds je cale en route et je rentre en voiture à 17h.

De la Hardoye je pars en voiture le 2.2.40 à 22h pour la Selve (Aisne) où j’arrive à 23h. La Cie n’arrive que le lendemain. Nous restons à la Selve jusqu’au 20. Peu de travail. Gardes et corvées de bois dans le camp de Sissonne.

Le 20.2.40 Départ de la Selve à 11h à pieds pour aller embarquer à St Ermes ( ?) à 22h. Débarquement à Peltre (Moselle) le 21.2 à 17h. et nous allons à pieds à Pournoy la Chétive où nous arrivons à 21h.

Départ de Pournoy le 25.2.40 à 19h à pieds pour Vallières (Moselle) où nous arrivons le 26.2 à 2 Heures.

Départ de Jallières le 26.2 à 19h à pieds pour Sanry les Vigy ( ?) arrivée le 27.2 à 5 heures. Dep. de Sanry 27.2 arrivée à Hostroff ( ?) (Moselle) le 28.2 à 3 heures. De nouveau c’est le pays abandonné par ses habitants. Nous nous installons dans les maisons, mais le mobilier a été rangé dans une pièce condamnée et nous nous contentons de la paille. Nous travaillons aux tranchées anti-chars. Secteur calme. Le canon tone au loin.

La 2ème ( ?) section était à Bouzonville. La 3ème en subsistance à l’Intendance. La 1ère au PC du général.

Je suis parti en permission le 25.3.40. Metz-Vitry le François et retour le 9.4.40 par Revigny ( ?)-Metz. A mon retour la Cie était installée à Piblanges(Moselle). Le pays tout près d’Hestroff n’était pas évacué mais les habitants peu aimables. On n’y trouve rien. Nous travaillons au déchargement des wagons et chargement des camions.

Départ de Piblanges le 25.4.40 à 19h30 à pieds pour Villers l’Orme ( ?) (Moselle) où nous arrivons le 26.4 à 2h pour repartir le 26. à 21 Heures en direction de Pouilly (Moselle) où nous arrivons le 27.4 à 4 Heures. Nous en repartons à 21 Heures, toujours à pieds pour Poncé Commune de Champey (Mt et Moselle) où nous arrivons le 28.4 à 3 Heures.

A Poncé c’est le repos. 1 heure d’exercice ou un peu de terrasse mais surtout pêche au bord de la Moselle. Pont à Mousson est tout près 4kms. Nous y trouvons tout ce que nous avons besoin et le dimanche des bons restaurants. C’est à Poncé que nous surprend l’attaque du 10 Mai. Pont à Mousson a été bombardé. Pierrot rentre à l’hôpital il n’aura rien à regretter au contraire.

Le 15 mai à 21 Heures nous quittons la ferme de Poncé et nous gagnons Champs à pieds où nous arrivons le 16.5 à 5h30. Nous sommes accueillis par un bombardement par avion. Le séjour est court mais les alertes nombreuses.

Départ de Champs (M et Moselle) le 16.5.40 à 24h en autocar pour Lion ( ?)(Meuse) où nous arrivons le 17.5 à 5h30. Nous nous installons dans le bois où nous passons la nuit. Sur le parcours nous voyons les pauvres gens évacuant leurs maisons. Les événements se précipitent.

Le 18.5 à 10h nous partons de Lion ( ?) et à travers bois nous gagnons les bois de Murvaux où nous arrivons à 16h. Le canon gronde mais nous ne sommes pas trop exposés. C’est à peine si nous avons le temps de commencer quelques travaux pour la défense du pays que nous recevons l’ordre de partir.

C’est le 20.5 à 22 Heures que nous quittons Murvaux toujours à pieds pour nous rendre à Cervisy. A mesure que nous avançons le bruit du canon devient plus fort. Certains pays ont même déjà été éprouvés. Maisons éventrées, ruines fumantes. Nous arrivons à Stenay où pas mal de maisons sont touchées par les obus. Là, fatigué je décide de m’arrêter. Maurice, Honoré restent avec moi et nous couchons dans une grange pleine de foin pendant que la Cie continu sa route. Le matin 21.5 nous repartons. Nous retrouvons Gaumer et avec lui nous cherchons la Cie. Nous avançons jusqu’à Cervisy où Maurice va se renseigner auprès du Colonel qui lui donne l’emplacement de la Cie. Nous retrouvons celle-ci à 10h dans les bois de Brunelles près de Cervisy au moment où elle s’aprètait à repartir ce bois étant trop bombardé. L’artillerie qui l’occupe est déjà bien éprouvée. En réalité nous ne quittons le bois que le soir, nous avons passé la journée dans la vallée où nous étions à l’abri des obus mais ce qui ne nous empêche pas d’essuyer des balles de mitrailleuse d’un avion ennemi.

A 22h nous quittons ce bois et nous allons au château de Cervisy. Dans le parc sous les grands arbres nous passons la nuit dans les tranchées. Là, nous subissons un bombardement assez intense. Les obus pleuvent autour de nous mais heureusement personne n’est touché. Le lendemain le 22.5 nous décidons de nous installer dans les caves de Cervisy. Nous y installons des matelas. Les caves sont solides, nous sommes en sécurité. Cervisy petit pays évacué depuis peu de temps est à peine touché. Il est situé entre Stenay et Martincourt.

Tous les soirs à 9h nous partons avec nos armes munis de pelles et pioches et allons à Martincourt ou à Inor creuser des abris, enterrer des animaux, porter des mines etc. Nous revenons au petit jour à 3h du matin.

Martincourt est entièrement détruit, toutes les nuits il subissait un bombardement intense. Ce n’est qu’un amas de ruines éclairé par l’incendie.

Nous restons à Cervisy jusqu’au 3.6 à 21h. Nous y étions très bien. Je logeais en Cie de Maurice, René, Honoré, Duru, Savouré, Martin, Léon Pierre. A pieds nous gagnons Inor en ruines où nous arrivons à 22h. Nous passons la nuit dans la cave du PC. Notre section est attachée à la 1ère Cie du 21 RTA. Le lendemain nous nous installons dans la cave du café de la Mairie et nous commençons à travailler. Le travail consiste à organiser la défense du pays. Nous construisons des barrages pour fermer les rues. Pose de barbelés devant les avants-postes, sciage de gros arbres, récupération de munitions. Nous travaillons de jour ou de nuit. Le secteur est loin d’être calme il est surtout dangereux. Il faut aller chercher la soupe à 4kms à la tombée de la nuit souvent sous le bombardement. Le bureau et les cuisines sont restés à Cervisy.

Le 4.6 Roger Ferrard est tué dans une tranchée. Nous avons 7 blessés dont Bourion qui meurt à l’hôpital le 6.6.

Pendant notre séjour dans ce secteur je fais fonction de caporal.



(Mon grand père a ajouté dans la marge du paragraphe suivant : « L’Italie déclare la guerre à la France ». Je ne pense pas qu’il l’ai su à ce moment là. Il a ajouté cette note par la suite, sans doute dans un soucis de reconstitution historique des événements)



Le 10.6 Nous quittons Inor à 22h pour revenir à Cervisy où nous passons la nuit dans notre cave. Le 11.6 les Allemands sont arrivés aux portes de Cervisy. Toute la journée ils sont maintenus. A 21h30 nous quittons Cervisy et à pieds nous gagnons Louppy (Meuse) où nous arrivons à 22h. Nous passons la nuit dans les bois sous la pluie.

Départ de Louppy le 12.6 à 21h pour Ecurey ( ?) toujours sous la pluie. Nous sommes bien fatigués. Aussi presque toute la Cie s’arrête à Brandeville pour y passer la nuit et nous rejoignons le 13.6 à 11h. Le même jour à 24h nous quittons Ecurey où j’ai la chance de recevoir une lettre, la dernière. Toujours à pieds sac au dos nous reprenons la route. Ne voulant pas repasser une nuit dehors nous nous arrêtons à la première maison de ville devant Chaumont après Damvillers où nous passons la nuit.



(Mon grand père a mis une petite croix dans la marge devant le paragraphe suivant)



Le 14 Juin 1940. Nous nous levons vers 7h30, à ce moment 2 soldats arrivent nous disant qu’ils viennent d’échapper aux allemands à 4kms. Aussitôt nous nous préparons et partons. A peine avons nous fait 500 mètres qu’une balle puis une rafale sifflent à nos oreilles . A plat ventre protégés par notre sac nous nous rendons compte que l’ennemi est là. En effet au carrefour de la route des autos blindées chargées de soldats tirant dans tous les sens nous coupent toute retraite. Rendez-vous nous crient les allemands qui continuent à tirer mais sans chercher à nous atteindre. Nous étions 9 presque sans munitions toute résistance était vaine, nous levons les bras et abandonnant sac et fusil nous allons à leur rencontre. Arrivés près d’eux nous défaisons nos ceinturons nous sommes désarmés et prisonniers. Il était 8h15. Mes camarades sont René Gorré, Maurice Guérin, Honoré Fontanelle, Robert Raoulx, Léon Pierre Fleury, Hugeat, Meunier, Coquot.





A suivre.
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c'est parce que la lumière est plus rapide que le son...
que certains paraissent intelligent avant d'avoir l'air con!
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