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J'aime bien les empoisonneuses (surtout ma femme) :siffle: Edit : et je te rappelle que Granpieos a prêté le serment d'Hippocrate (je te sens venir) :yeux: |
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Sinon je te vois également venir concernant le serment d'hippocrate ;) Malheureusement la Rome impériale a parfois vu des médecins de la Cour tremper dans les complots les plus sordides (encore plus à l'époque des favoris, si je ne me trompe, et de ces fortunes qui se faisaient - et se défaisaient - en 1 jour) Pour autant ça n'a pas grand chose à voir avec notre héros, Grandpieos (seulement coupable actuellement d'adultére impérial... bref pas de quoi fouetter un canard :lol: ) |
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Je ne sais pas si c'est à mettre sur le compte de la haine que pouvaient àvoir pour cette jeune femme les historiens de l'époque, mais il est clair que plus on était loin d'Agrippine, mieux on se portait :chicos: Franchement, les Feux de l'Amour n'ont rien inventé... tout était déjà là à Rome il y a 2000 ans (quelle belle époque ... :ko: ) |
Chapitre 7 : Où Otto Grandpieos resiste (presque) au chantage
Le meurtre d’Avidius Cassius eut différentes conséquences immédiates, certaines concernant son meurtrier, Julius Sentencius, d’autres ayant trait à l’impératrice Faustine. Cette dernière, dont la rudesse du voyage semblait déjà avoir amoindri la résistance, n’était plus que l’ombre d’elle-même depuis la disparition brutale du général rebelle. L’attirance qu’elle avait développée chez moi, avait cessé du jour au lendemain, Faustine ne me faisant plus appeler que lorsque la fatigue la clouait dans sa litière. N’auraient été les ordres donnés par Marc Aurèle, elle aurait certainement évité tout recours à un médecin, surtout moi, qui connaissait désormais ses lourds secrets. Dans le même temps – et ce fut la première fois que je vis Marc Aurèle faire un faux pas – le centurion Sentencius, maintenant directement rattaché à l’une des légions qui accompagnait notre équipage, s’était vu confier une mission de première importance par l’Empereur. C’est dans le plus grand secret qu’il quitta le lent cheminement de notre colonne, avec comme objectif Alexandrie. Si je ne savais pas vraiment de quoi il pouvait en retourner, Faustine eut tout le loisir d’échafauder des théories sur ce départ. Je venais la visiter chaque matin afin de m’enquérir de sa santé, espérant la sortir de cette mélancolie dans laquelle elle s’enfermait un peu plus chaque jour. Le mutisme dont elle faisait preuve à mon égard, me reprochant ainsi les confidences qu’elle m’avait faites de son propre chef quelques semaines plus tôt, n’arrangeait pas la situation. Le bruit se répandit que même le médecin impérial ne pouvait plus grand-chose pour Faustine. C’était bien sur là une des manœuvres de l’odieux Schnickeon, qui ne trouvait du plaisir que dans l’élaboration des complots les plus sordides, et excellait à jouer les corbeaux lançant les rumeurs les plus néfastes. C’était un fait, depuis quelques temps il me collait aux basques, ayant certainement supputé ce qui s’était déroulé avec l’impératrice. La mouche n’aime rien tant que de passer son temps à voleter dans le fumier, et ce Schnickeon se révélait le pire des parasites qui soit. L’une des dernières visites que je fis auprès de Faustine fut certainement la pire que j’eus à endurer durant toute ma carrière. Nous nous étions arrêté à Halala, à proximité de la Syrie, et Marc Aurèle organisait le retour d’une grande partie des troupes qui l’avaient accompagné depuis les rives du Danube. Craignant qu’au bout de quelques mois d’absence, les tribus des Quades et des Marcomans ne s’enhardissent et n’envahissent de nouveau le nord du Latium, les 4 légions devaient repartir pour la Germanie, tandis que lui-même ne comptait garder qu’un équipage plus clairsemé, mais tout aussi imposant, avec des légionnaires prélevés sur les légions de Syrie et de Cappadoce. La rébellion d’Avidius Cassius s’étant terminé assez rapidement, Marc Aurèle voulait mettre à profit sa présence en Asie pour y visiter les provinces de Syrie, d’Egypte, puis enfin la Grèce avant de revenir à Rome. L’Empereur n’y avait plus mis les pieds depuis 6 ans. http://img139.imageshack.us/img139/3523/germainic5.jpg Un petit village d'irréductibles Germains résistant, encore et toujours, à l'envahisseur C’est dans la demeure d’un notable de la ville que Faustine s’était installée, le temps que les affaires courantes soient traitées par l’empereur. Quand je rentrais dans sa chambre, je trouvais une pièce dévastée, les soieries recouvrant le lit déchirées et jetées dans un angle, et les miroirs qu’aimait à installer Faustine autour d’elle pour la plupart brisés. Un des éclats reposait dans la main de Faustine, ensanglanté, et l’impératrice éclata soudain en sanglots, se livrant pour une dernière fois. Elle ne pouvait pas, elle n’y arrivait pas, se donner la mort était trop lui demander. A voir l’estafilade qu’elle portait sur le poignet, ce n’était pas la résolution qui lui manquait, aussi j’appelais aussitôt quelques serviteurs afin qu’ils enlèvent tout ce qui aurait pu blesser Faustine. Je sais maintenant que l’un d’eux rapporta tout à Schnickeon, qui fut ainsi au courant de la partie la plus sordide de l’entretien. Faustine était à bout, elle savait parfaitement ce que Sentencius était allé faire à Alexandrie : en finir avec le complot d’Avidius Cassius, extirper les racines du mal, dévoiler toutes les connections ayant aboutit à la rébellion. Les messages envoyés par Faustine à Avidius étaient nombreux, tous des documents plus compromettants les uns que les autres, écrits de la main même de l’impératrice, demandant à Avidius de prendre le pouvoir. Avoir un mari philosophe est une chose, mais quand celui-ci est également empereur, il y a peu de chances qu’il regarde tout cela en stoïcien et arrive à faire la part des choses. Pour la survie de Rome et de l’Empire, Faustine serait certainement sacrifiée, comme tant d’autres l’avaient été avant elles. Répudiée, isolée sur un rocher de la méditerranée comme l’avait été la propre fille d’Auguste ou, pire, égorgée dans une prison comme Messaline, la femme de Claude, l’avenir – si Faustine en avait encore un – semblait des plus sombres. http://img361.imageshack.us/img361/9285/halalafy1.jpg La petite ville d'Halala, où l'on végéte. Sympa, les provinces romaines! Engagez vous, qu'ils disaient... Aussi, chose incroyable, Faustine me demanda de l’aider, si j’avais un tant soit peu de compassion pour elle. Moi, un médecin des plus renommés, je devais certainement connaître également la science des femmes, le coté sombre des plantes, bref l’art de l’empoisonnement ! Et il est vrai que connaissant la plupart des antidotes aux poisons qu’il m’était arrivé de rencontrer, je connaissais aussi la composition de ces mêmes poisons. Je sursautais à cette demande qui hérissait tout en moi, se dressait contre tout ce que j’avais chéri, tout ce que je m’étais promis en quittant la Grèce. J’étais devenu médecin pour soigner et non pour emporter des vies, et même la compassion pouvait difficilement venir à bout de cette certitude. Alors que je refusais, encore sous le choc, Faustine changeait de tactique, utilisant la raison, puis le charme, avant d’essayer les menaces, promettant qu’elle révélerait tout de notre liaison à son mari. Tout se révoltait en moi, et l’envie de gifler la première dame de l’empire devenant trop forte, je quittais la pièce, sous une nuée d’imprécations ayant trait à ma virilité et à l’intelligence de ma descendance. Les deux jours qui suivirent, je ne pus qu’observer le délabrement qui semblait affliger Faustine, ses tremblements qu’elle n’essayait même plus de camoufler et que la Cour mettait sur le compte d’une fatigue extrême. J’étais moi-même extrêmement partagé, me raccrochant au serment que j’avais prêté visant à aider tout malade, tout en voyant cette femme autrefois désirable tomber dans le crépuscule de sa vie. Le coup de grâce vint au terme de ces deux jours, quand une rumeur venant du sud nous apprit la mort brutale d’un des fils de Cassius Avidius, Avidius Maecianus. Le jeune homme exerçait la fonction d’iuriducus à Alexandrie, plus ou moins un Préfet d’Egypte. La rumeur insistait également sur la sauvagerie de l’assassin, un centurion gainé dans son uniforme et dont quelques témoins avaient pu deviner, avant de s’enfuir comme des moineaux affolés, les cicatrices qui lui barraient le visage. Contrairement à sa parole, Marc Aurèle avait donc décidé de s’en prendre à la famille du général, renouant avec des habitudes d’un autre temps. Je fus profondément attristé par ce comportement qui tranchait avec l’empereur philosophe pour qui j’éprouvais le plus grand respect, et encore plus en voyant l’état de Faustine. Il faut croire que le besoin de survie était chez elle assez fort, et pourtant elle attendait le retour de Julius Sentencius qui, après le meurtre du fils Cassius, ne manquerait pas de ramener les documents qui l’incriminerait. http://img399.imageshack.us/img399/6...xandrieew4.jpg Au fin fond de la Mauritanie ou dans les marais du Nil, Sentencius honore toujours ses contrats... Je me mis alors à penser aux poisons que je connaissais, des simples champignons aux décoctions plus élaborées que je devais exclure, comme le curare, qui nécessitait une piqûre intramusculaire pour pouvoir agir. Restaient la ciguë, la muscarine tirée de l’amanite tue-mouches, certains composés tirés de la macération de la rhubarbe et des épinards et qui pouvaient, à forte dose et au bout d’un long moment, provoquer la mort par perforation gastrique, l’aconitine, un poison utilisé au-delà de l’Indus et dont les plants se trouvaient facilement dans certaines montagnes, même si je n’en avait jamais vu jusque là, et enfin la belladone, bien sur. J’écartais cette dernière du fait de caractéristiques trop révélatrices (pupilles dilatées, plaques rouge sur le torse), ainsi que la plupart des poisons que je n’aurais pu concevoir au vu des plantes que l’on pouvait trouver dans la région. Restait la ciguë, le poison utilisé par Socrate, que je pouvais facilement mettre au point et qui pouvait agir assez vite. Mélangée à de la datura afin de provoquer une paralysie respiratoire provoquant une mort presque instantanée, et à de l’opium afin d’entraîner la somnolence et éviter des spasmes trop violents, j’avais là un poison extrêmement rapide, mais qui ne ferait pas souffrir inutilement Faustine – et ne laisserait pas de marques. Je disposais déjà d’opium, utilisé parfois pour ses vertus narcotiques, et de datura, je mis néanmoins quelques heures pour trouver enfin de la ciguë à l’ombre de buissons. La plante, avec son odeur pestilentielle rappelant l’urine de chat, était facilement reconnaissable. http://vietsciences.free.fr/danhngon...crate_mort.jpg Socrate buvant stoiquement la cigue: "Farpaitement, ce pinard, c'est du Burdigala, ou alors à la rigueur un Côtes de Lugdunum ! Hips.." Je passais l’après midi a préparer la mixture, et obtenait un résultat que j’estimais convainquant. Un instant, je pensais à essayer la mixture sur un quelconque animal, avant de me rendre compte dans quelle voie je m’étais fourvoyée. Quelle que soit ma pitié pour Faustine, il m’était impossible de l’empoisonner, même si c’était là son vœu le plus cher. Aussi je pris la décoction et la vidait dans un petit réceptacle de nacre que m’avait offert ma femme un peu après notre mariage. J’enfouissais le tout parmi mes affaires, encore effondré à l’idée de ce que j’avais faillis faire. Coupable, je le fus plus encore par la suite. Après une soirée que j’arrosais un peu trop, enfin vidé des pensées qui obscurcissaient mon esprit depuis des semaines, je tombais dans un sommeil profond, dont je fus sorti le lendemain par les cris qui agitaient le camp et des lamentations de bonnes femmes. Alors que me parvenait l’écho de la mort de Faustine, dont les serviteurs avaient retrouvé le corps sans vie au petit matin dans sa chambre, j’ouvrais de grands yeux, encore embués par l’alcool, sur la petite tablette à proximité de mon lit. Me narguant presque, posé à côté de son couvercle, s’y trouvait le petit récipient en nacre. Vide. |
Toujours très bien :)
Mais comme je me refuse à ne pas être chiant, je dirais que Messaline n'a pas été égorgée dans une prison mais dans les jardins de Lucullus :capello: ;) |
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Superbement écrit :ok: |
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D'autres personnages (Coelio, enfin :mrgreen: mais aussi Jmlus, Griffon Pertinax, les débuts d'Avidius Caius et certainement une ou deux têtes nouvelles) devraient bientôt apparaitre dans le récit, dés le retour à Rome ;) |
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Quoique, avec Ar qui me considère comme un méchant assassin dans son trombinoscope :yeux: |
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Le début d'une vocation, peut être ? ;) |
:ok:
Mais quel loser ce grandpieos ! :lol: :akmar: |
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Jaloux... |
Je reviens un peu tard (gros boulot à terminer ce matin et tourisme hier) voir ce que tu fais faire à mon ancêtre Grandpieos...
Je ne dis pas que tu as l'esprit mal tourné, mais voila ce que pourrait penser quelqu'un qui aurait l'esprit mal tourné (comme jmlo, pour ne pas le nommer... :siffle: ). Donc, ce fameux jour, notre médecin va voir l'impératrice (avec qui, rappelons-le, il a abondamment cocufié son patient, ami et empereur - cette passion de Faustine n'était d'ailleurs peut-être pas sans arrière-pensées, en un temps où elle cherche à se débarasser de son mari pour mettre un rival sur le trône - ). Elle lui révèle la mission de Julius Sentencius et sa terreur des suites : elle n'est pas chaude pour être exilée sur une île déserte, comme Agrippine la jeune et plonger pour attraper le poisson nécessaire à sa subsistance (ce qui explique pourquoi Agrippine était si bonne nageuse qu'elle ait pu se sauver quand son fils Néron essaya de la noyer en mer) et refuse l'opprobre de la mort par la main du bourreau ou d'un obscur soldat, elle la fille d'un empereur. Mais à quoi peut faire allusion Grandpieos en parlant de "la partie la plus sordide de l’entretien" ? Faustine demandant à mourir, cela l'arrangerait plutôt : si Faustine tombe et se met à table, il risque de tomber aussi (et l'idée de l'exil dans une trés trés lointaine province, ou de laisser sa tête sur le billot, voire de passer les dernières heures de sa vie à contempler le monde du haut d'une croix - les empereurs ont de ces fantaisies - ne lui plait guère). Mais il est médecin, et n'est pas censé tuer ses patients (enfin pas de cette manière :chicos:). Alors, comme c'est un gros hypocrite, il s'entend avec la dame : il lui préparera un poison rapide et indolore, s'enivrera (ou fera semblant) et, pendant son sommeil, quelqu'un récupérera le breuvage... et l'impératrice sera morte à son réveil. Voila ce que pourrais penser un esprit pervers, que tu n'es pas, bien sûr... :mrgreen: D'ailleurs, Grandpieos est bien trop intelligent pour se mettre entre les mains de l'ignoble Schnickeon :chair: par une action aussi basse... |
Ahhh, mais quelle imagination débordante cher Otto ! :chicos:
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Bon, quelles turpitudes nouvelles vas tu inventer ? :siffle:
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J'en ai plein ma musette, c'est quand même l'époque de Blandine balancée aux lions dans l'aréne de Lugdunum, la peste qui refait des siennes, etc... entre autres :chicos:
La suite demain, certainement (les ponts et jours feriés nuient grandement à la ponctualité de cet AAR :lol: ) |
Up !
Pour rappeler Madounet à ses devoirs ;) |
Chapitre 8 : Des aventures d'Otto Grandpieos et de son mulet à Alexandrie, et de savoir qui est l'âne
J’avançais, hébété, au sein de la colonne désormais réduite qui avait pénétré en Egypte. J’avais quitté ma litière, préférant avancer à la cadence des soldats, rassuré par ce mimétisme qui m’évitait ainsi de trop m’appesantir sur ce qui s’était déroulé auparavant. Le décès de Faustine avait plongé l’empereur dans un désarroi que je lui avais rarement connu. Affligé par un chagrin indéniable, il avait aussitôt modifié le nom de la ville où elle s’était éteinte, Halala, en Faustinopolis. Des courriers étaient partis à destination du Sénat de Rome, Marc Aurèle demandant à la noble assemblée de respecter un deuil impérial pour la disparition de Faustine et, mieux, de la diviniser. Des monnaies furent frappées à l’effigie de Faustine, une statue et un temple élevés en son honneur, et l’empereur consacra une partie de ses Pensées qu’il écrivait depuis des années à celle qui fut, pensait-il, une femme aimante. Agée de 46 ans, ayant donné naissance à 13 enfants, sans compter la maladie qui l’avait particulièrement diminué lors du voyage en Asie et l’avait poussé à des gestes incompréhensibles, Faustine était, pour tous, morte d’épuisement. Etais-je le seul à connaître une partie de la vérité ? Il suffisait que je sorte des plis de ma toge le petit réceptacle de nacre finement ciselé pour que le doute, la honte et la culpabilité m’assaillent, moi, le médecin impérial, celui qui avait concocté le poison ayant emporté Faustine. Avais-je, à la suite de mon enivrement, apporté le poison à Faustine ? Avait-elle envoyé une servante chercher le poison, lui affirmant qu’il s’agissait d’une simple décoction pour atténuer ses maux de tête ? Etait-elle venue en personne pour chercher, fouiller et trouver le récipient que j’avais grossièrement caché sous une pile de linges ? Les souvenirs de la nuit en question étaient enfouis sous un voile que je n’arrivais pas à déchirer. http://img389.imageshack.us/img389/5130/nilxg3.jpg De ce côté du Nil, la zone. De l'autre, l'El Dorado ... Je fus détourné de ces sombres pensées lorsque nous entrâmes enfin à Alexandrie, après une expédition qui avait débuté plusieurs mois auparavant. Les soldats qui nous accompagnaient n’étaient plus les mêmes que ceux qui avaient pris part au début de l’expédition, il s’agissait désormais de légions orientales et, parmi elles, la légion qu’avait commandé le général Avidius Cassius avant que sa tête ne soit emportée par le glaive de son centurion Julius Sentencius. Je craignais d’ailleurs, sans réelle raison certes, de retomber sur le centurion mais les rumeurs qui courraient dans la ville m’informèrent rapidement de son départ pour la Maurétanie. Après l’assassinat de l’un des fils de Cassius, ici même, j’imaginais sans trop de difficultés quelle était désormais la nouvelle tâche de Sentencius : certainement éradiquer la famille du général rebelle, comme au temps des proscriptions ou lors des luttes d’influences entre plusieurs prétendants au trône. La promesse qu’avait faite Marc Aurèle de ne pas faire retomber sur les fils du général les fautes de leur père semblait donc purement formelle, ce qui me choqua particulièrement venant d’un empereur pourtant si vertueux. Les fastes légèrement surannés d’Alexandrie m’égayèrent donc l’esprit et me firent croire, pendant quelques semaines encore, que rien n’avait changé, ni la Cour, ni l’Empereur, ni moi-même. J’accédais à la prodigieuse Bibliothèque de la ville, me jetant à corps perdu dans quelques précieux rouleaux écrits par les plus savants des médecins grecs, dont les connaissances pourtant vieilles de plusieurs siècles constituaient encore un trésor inestimable. La Bibliothèque n’avait plus le lustre qu’on lui prêtait d’antan, le nombre de manuscrits avait diminué dans des proportions inquiétantes depuis plusieurs décennies. A la mort de Pompée déjà, deux siècles et demie plus tôt, les batailles de rues qui avaient opposé les troupes de Jules César à celle du jeune roi Ptolémée avaient provoqué un vaste incendie qui, ayant épargné la Bibliothèque, n’en ravagea pas moins l’un des entrepôts contenant plusieurs milliers d’ouvrages. L’avènement de l’Empire et d’une Rome toute puissante avait porté un coup tout aussi important à l’édifice, dont le contenu avait été petit à petit été éparpillé dans les grandes propriétés du Latium. Ce que je pouvais encore contempler était néanmoins assez fabuleux pour me donner une idée de ce qu’avait pu être la ville avant l’arrivée des Romains. http://www.neftis.eu/NeftisWeb/Bibli...Alexandrie.jpg la Grande Bibliothéque, ou le Royaume de la raison Deux grandes artères se coupaient perpendiculairement, partageant ainsi la ville en plusieurs îlots grouillant de vie, les plus âgés se prélassant au soleil tandis que les plus jeunes nous courraient après, afin d’obtenir quelques pièces. A l’extrémité nord, l’œil se détachait instinctivement de la Mer pour venir se poser sur le Phare, qui s’accrochait au ciel avec ses 300 pieds et quelques d’altitude. Plus bas dans la ville, une hauteur qui ne devait rien à la nature arrêtait encore notre regard, un étrange tumulus surplombé d’un ancien temple qui n’avait rien perdu de sa superbe : le Sôma, où reposait le corps d’Alexandre le Grand. http://img412.imageshack.us/img412/4074/tombeaubd7.jpg Entrer seul ici et tailler une bavette avec la momie Alexandre ? J'ose, j'ose pas ? La réalité me rattrapa un soir, alors que je revenais de deux jours passés au sud de la ville. Marc Aurèle n’ayant pas montré une quelconque volonté de visiter le tombeau d’Alexandre – ce qui me privait moi-même de cette visite, réservée aux plus grands et leur entourage – j’avais mis à profit mon temps libre pour aller observer les autres splendeur d’Egypte, les pyramides. Alors que nous revenions à Alexandrie, le guide qui tenait le licou de mon mulet accéléra soudainement, et en quelques instants, je le perdais de vue dans le dédale de rue qui quadrillait la partie populeuse de la ville. Alors que j’hésitais sur le chemin à suivre pour rejoindre le palais que nous occupions, j’entrevoyais une ombre bouger derrière mon épaule. Je me retournais, mais trop tard, le temps de sentir une extraordinaire douleur me vriller la tête. Je dû certainement me blesser en tombant de mulet, puisqu’à mon réveil, des courbatures me déchirèrent le dos, me faisant un instant oublier la douleur qui tenaillait mes tempes. http://img522.imageshack.us/img522/678/nuitla6.jpg Et meeeeerde ! Paumé à minuit dans une ville étrangére, et je n'ai même pas ma Romanan Express gold sur moi... J’étais dans une pièce de dimension modeste, les murs étaient de ceux qu’on trouvait dans la plupart des habitations d’Alexandrie, et je devinais ainsi rapidement me trouver encore dans la ville malgré l’absence d’ouvertures sur l’extérieur. Un homme de grande taille se tenait devant la seule porte de la pièce, m’empêchant ainsi toute solution de repli. Il resta sourd à mes questions, qui se transformèrent rapidement en lamentations, tandis que je voyais ma situation se délabrer rapidement. D’un simple rapt contre rançon, qui était monnaie courante dans la région, surtout quand la cible était un riche représentant de l’ordre romain, je passais ensuite au complot ourdi par des indépendantistes égyptiens, avant de m’arrêter sur l’idée d’un enlèvement par une quelconque secte de l’ordre lunaire, qui aurait décidé de sacrifier un médecin grec en l’application d’obscurs rites orientaux. J’en étais là de mes funestes pensées, quand un homme encapuchonné entra dans la pièce. L’homme qui jusque là gardait l’accès à la porte se rapprocha de moi, certainement pour m’empêcher toute action contre le nouvel arrivant, ce dont j’aurais été bien incapable vu ce qu’avait du endurer mon pauvre corps depuis que j’étais tombé de mulet. Si le manteau élimé qui cachait le visage du visiteur ne me disait rien, les pans de toge que je pu distinguer en dessous lorsqu’il y enfouit ses mains pour chercher quelque chose me renseigna grandement sur la personne que j’avais en face de moi. Certainement un Romain, ou alors un Levantin, et la qualité de la toge me faisait penser à un notable, sinon mieux. L’idée du sacrifice à l’ordre lunaire s’évanouit un peu, et je baignais mes lèvres de salive, peut être dans l’idée de hausser la voix et d’intimider celui qui avait apparemment organisé mon enlèvement, quand ce qu’il déposa sur la table qui nous séparait me fit perdre tout moyen : un petit récipient en nacre qui ne m’était pas inconnu, avec sa fêlure caractéristique sur le côté qui datait de 2 ou 3 années, quand je l‘avais accidentellement fait tomber sur un sol en marbre. L’homme déposa également plusieurs documents à côté, et quand je pus enfin détacher le regard de la petite fiole qui avait contenu du poison, je reconnu l’écriture de Faustine. Je saisissais le premier feuillet, le lisant en transversale jusqu’à ce qu’une phrase ma fasse tiquer. C’était de moi dont elle parlait, ce médecin devenu une source de confiance et qui lui dévoilait tout sur l’état de santé de son mari, Marc Aurèle ! Je descendais jusqu’au bas de la lettre, pour comprendre que celui à qui s’adressait la missive devait certainement être le général Cassius. La lettre d’une morte empoisonnée à destination d’un mort décapité, et qui glosait sur la santé d’un empereur cocufié par son médecin … Malgré ma situation périlleuse, j’éclatais de rire, tant tout cela me pendait au bout du nez depuis des mois. Comment faire comprendre à Marc Aurèle l’enchaînement fatal qui avait aboutit, par mon truchement, à la rébellion du meilleur général d’Orient et au décès de Faustine ? Oh, bien sur, j’aurais pu trouver une oreille compréhensive chez l’empereur, je n’en doute pas, ou du moins les choses seraient allées à leur terme, plus rapidement que ce ne fut le cas. Mais la compréhension soudaine que je venais d’avoir, la certitude, enfin, que je n’étais pour rien – du moins directement - dans le suicide de Faustine, tout cela, alors même que je savais avant même qu’il se découvre qui était l’homme en face de moi, le soulagement mélangé à l’horreur de la situation qui était maintenant la mienne me faisait étouffer d’un rire nerveux, grotesque, et c’est dans une quinte de toux que je balançais à mon visiteur : "- Proxenete ne te suffisait pas, maintenant tu en viens à supprimer une pute impériale ?" Tout en ôtant son manteau et me dévoilant ainsi son visage, Schnickeon me fusillait de son regard de hyène. |
Voilà Grandpieos rattrapé par sa nemesis... :loose:
A propos, comment appelle-t'on l'adultère avec une déesse ? Le déidultère ? :chicos: Sinon, du point de vue stylistique, le "regard de hyène" parait un peu désuet, genre feuilleton de Ponson du Terrail ou Zevaco... mais peut-être que Schnickeon, pour couronner ses nombreuses qualités, a-t'il mauvaise haleine ? :siffle: J'attends la suite avec impatience :clap: |
Tout ça avec un city-builer. C'est très impressionant :shocked:
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ca me plait d'etre le chasseur de prime de l'antiquité! :mrgreen:
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Merci beaucoup ;)
Le chasseur de primes romain, tu ne pouvais pas y couper, Sent :lol: Quant au principe de l'AAR fondé sur le city builder, je dois reconnaitre que cette fois, c'est encore pire que l'année derniére avec Civ'Rome : c'est vraiment pour fournir des images de fond, parce que je n'ai plus vraiment joué au jeu depuis... un mois minimum ? (je le relance juste histoire de faire de nouveaux screens) Enfin là dessus : Citation:
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Chapitre 9 : La main tendue de Schnickeon
Schnickeon reprit dans sa main la petite fiole qu’il avait posée sur la table. La manipulant doucement, il la renversa et posa son doigt sur l’orifice, comme pour y retrouver une quelconque trace d’humidité, une goutte de poison. Il reposa le récipient en nacre à proximité des feuillets écrits par Faustine. « - Imaginons un instant, Otto, que je sois empereur. Ma femme meurt étrangement lors d’un voyage en Orient, apparemment de fatigue, alors même qu’elle était soignée par un médecin extrêmement compétent, assez compétent d’ailleurs pour m’avoir déjà sauvé plusieurs fois, là où tous pensaient la chose improbable. Imagine donc, qu’un matin, alors que je fais appeler quelques serviteurs pour me nourrir – oh, bien frugalement, je suis un vieil homme … et bien on m’amène en plus du déjeuner une petite surprise : la correspondance écrite par ma femme à l’un de mes valeureux généraux. Comment penses-tu que je réagirais, si j’apprenais que mon médecin personnel, celui entre les mains duquel j’ai laissé le soin de ma propre vie, lui donnant un pouvoir supérieur aux Dieux, travaillait en secret pour ma femme ? Lui dévoilait tout de mon état, mais aussi, peut être, des affaires courantes de l’Empire ? Tu as du en entendre des choses, Otto, après ces années passées auprès de l’Empereur… Et voilà soudainement qu’à l’instigation de ma femme, le meilleur de mes généraux se dresse contre moi et tente de s’emparer du pouvoir ? Qui aurait ainsi pu tourner l’esprit d’une simple femme, sinon son médecin ? Et comment réagirai-je en apprenant que celui que j’ai engagé pour me soigner s’occupait intimement des petits maux de Faustine, à mon insu, alors même que je croulais sous la charge de l’Etat ? Oh, suis-je bête ! Est-ce encore un médecin ? Que devrais-je penser quand je verrais cette fiole, et que j’apprendrais que Faustine a été empoisonnée ? Tu penses que stupidement, je prendrais quelques feuillets afin d’y écrire mes lamentations ringardes à destination de la postérité ? Non, non, je sais ce que tu penses, Marc Aurèle pourrait quand même te croire, te pardonner, et estimer qu’un complot bien plus grave est ourdi en secret par d’autres de ses proches ? Pauvre imbécile, tu ne vois pas qu’il fait traquer la famille d’Avidius à travers tout l’Empire pour les punir des agissements de Cassius ? L’Histoire sera écrite selon la magnanimité proverbiale de Marc Aurèle, alors qu’il fait assassiner tout témoin de ce complot, et que Sentencius ira débusquer jusqu’à la pointe de la Lusitanie les fils Cassius pour les égorger ! Crois moi, Otto, si tu parles, tu mourras, ta femme sera égorgée et son sang souillera les derniers instants de conscience que tu auras ! Ta fille sera violée par un légionnaire peu regardant avant d’être elle aussi massacrée, et je suis sur qu’en bon médecin, tu apprécieras de contempler le temps nécessaire à une fille de 11 ans pour se vider de son sang. Une minute ? Moins ? Ou un peu plus ? Fais quoi que ce soit en direction de Marc Aurèle, et tu mourras. Essaie de fuir, et tu mourras. Si tu ne nous obéis pas, je jure par les Dieux que ta famille ne te survivra pas et que ton frère Chazam finira sa vie dans une arène, les tripes étalées sur le sable. Tu veux tenter l’aventure, Otto ? Autant jouer ta vie au dés, tu aurais plus de chances de sortir gagnant ! Pauvre Otto, regarde toi, qui te croyait au dessus des autres, as-tu oublié d’où tu venais ? Tu errais dans les mêmes ruelles athéniennes que moi, et pourtant tu continues à me regarder comme si j’étais un nuisible qu’on écrase du talon ? Mais les miens te survivront, Otto, car nous sommes l’avenir ! » Schnickeon s’arrêta, les lèvres encore enflammées par les propos qu’il avait tenus. Tout en reprenant son souffle, il prit dans ses mains les feuillets qui jonchaient la table, et les remit dans les plis de sa toge. Il se saisit également du flacon de nacre, son assurance sur mon silence. Sur un signe qu’il adressa au colosse qui se tenait toujours dans un angle de la pièce, celui-ci ouvrit la porte qui donnait sur l’extérieur, une petite cour sombre et malodorante, certainement dans un des quartiers populeux d’Alexandrie. Schnickeon jeta un dernier regard sur moi et, pour la première fois, je le vis réellement sourire, le visage de l’homme fier de la tâche accomplie. Il disparu à la suite de l’esclave, et quelques instants plus tard, j’entendais des bruits de sabots s’éloigner. Je me levais enfin, et le vertige qui s’empara de moi n’était pas dû uniquement au coup que j’avais reçu sur la tête. Je passais la porte par laquelle était sorti Schnickeon quelques minutes plus tôt, traversais la cour et après être passé sous une petite arche, me retrouvait dans une ruelle qui ne me disait strictement rien. L’endroit parfait pour Schnickeon, qui avait fait des ruelles et impasses d’Athènes son royaume, mais où je me retrouvais particulièrement vulnérable. Les quelques heures que je passais à errer dans ce dédale de rues obscures et désertes avant de retrouver enfin un carrefour qui me disait quelque chose, je les mis à profit pour méditer ce qui s’était dit durant cette nuit. Schnickeon avait, je l’admettais avec horreur, raison sur certains points. http://img90.imageshack.us/img90/3695/planxy0.jpg Ah ouais, super, Mappy, super ... Quel que soit le bout par lequel je prenais ce qui s’était passé depuis 3 mois, ma situation était inextricable, et ma famille potentiellement en danger. Quelques semaines auparavant, j’aurais encore pu croire en la miséricorde de Marc Aurèle, mais la nouvelle facette du personnage que je découvrais avec le véritable contrat passé sur le dos de la famille d’Avidius Cassius et exécuté par Julius Sentencius, qui se comportait là plus comme un vulgaire exécutant que comme un centurion de la Légion romaine, avait laissé des marques profondes sur l’opinion que j’avais du vieil empereur. Pour la première fois, j’avais réellement peur, au point qu’il m’arriva, certaines nuits, de ne pouvoir trouver le repos, me tournant et me retournant, fuyant un sommeil dont les promesses étaient lourdes de menaces. Je tombais enfin sur un poste tenu par des cohortes civiles, chargées de la lutte contre les incendies, et ils m’indiquèrent le chemin à prendre pour gagner le centre de la ville. J’arrivais exténué et allait soigner les marques que je portais sur le corps et le haut du crâne. Peu avant le lever du soleil, j’allais observer ma fille qui dormait encore, regardant sa poitrine se soulever et s’abaisser au rythme de sa respiration tranquille. Une fois n’était pas coutume, j’allais me coucher dans la même pièce que celle occupée par ma femme, l’observant à la dérobée, comme si mon regard trop insistant aurait pu la réveiller. La question qui m’obséda jusqu’à ce qu’enfin je trouve le sommeil, fut bien entendu le pourquoi. Pourquoi Schnickeon me demandait de garder ainsi le silence et n’utilisait pas ce qu’il avait pour m’éliminer, moi l’exemple même du notable grec qu’il exécrait entre tous. http://img207.imageshack.us/img207/7200/pompierqd2.jpg Les cohortes civiles chargées de la protection contre l'incendie (ici deux préposés au seau d'eau luttant contre le grand incendie de 64 à Rome) Bien sur je fus réveillé plus tôt que prévu par les hauts cris de ma femme, qui découvrait l’étendue des ecchymoses qui me striaient le corps. Je la rassurais autant que je pus, incapable de trouver une explication valable, et elle mit certainement cela sur le compte de quelques voleurs qui avaient voulu tâter de la bourse d’un Grec. Lorsque le soir, je me rendis au repas qui ponctuait chaque journée, et où Marc Aurèle pouvait ainsi retrouver tous ses proches, quelques regards étonnés accompagnèrent mon arrivée. C’était là deuxième fois que j’arrivais à l’un de ces repas avec, en mon tréfonds, un secret caché à Marc Aurèle. Je ne fus qu’à moitié étonné lorsque l’un des favoris de Commode, Perennis, nargua mon aspect dépenaillé, sous l’œil amusé de Commode. Ils étaient dans la confidence, j’en étais presque sur. Commode avait-il en revanche la moindre idée concernant la disparition de sa mère, sur ce poison préparé par moi-même et traîtreusement confié à Faustine par Schnickeon ? Je n’en avais alors qu’une idée bien confuse, même si le personnage de Commode ne me laissait aucun doute sur son indifférence quand à la mort de Faustine. Dans les faits, celle-ci n’avait finalement pas moins qu’essayé de marginaliser son fils pour mettre le général Cassius sur le trône. A la question qui ne manqua pas d’être posée sur la cause de mon état, et alors que la salle faisait silence en espérant saisir quelques bribes de ce qui serait colporté dehors - certainement sur le médecin grec faisant le coups de poing avec des introvertis alexandriens - j’hésitais quelques instants, avant de répondre : - Une mauvaise chute, une mule montée par un âne… Et tandis que les rires secouaient les convives et que Marc Aurèle souriait pour une rare fois, je songeais à l’accord que je venais de passer, par ces mots, avec Schnickeon. http://img207.imageshack.us/img207/4923/repasdu5.jpg Encore une soirée trés légére, avec en entrée des ravioles au foie gras de zébu sur son lit de litchis. |
Chapitre 10 : Tous les chemins ménent à Rome
http://img225.imageshack.us/img225/7586/romeoo0.jpg Rome et son périph bouché par les char à boeufs (enfin là, c'est dimanche) Le temps du retour vers Rome était venu. Plus de 6 ans d’absence obligeaient maintenant l’Empereur à regagner le cœur de l’empire, et aucun danger ne pouvait légitimer plus longtemps sa présence aux frontières. La rébellion de Cassius avait pris fin, l’Arménie avait été provisoirement délaisse par les Parthes, et tout semblait indiquer que les Barbares ne feraient plus d’incursion au sud du Latium. S’il ne pouvait donc différer son voyage, Marc Aurèle imposa un passage par la Grèce, où il espérait prendre un peu de temps pour rencontrer les philosophes athéniens, déambuler parmi les constructions magistrales de l’Acropole et retrouver un peu de sérénité. La mort de Faustine semblait l’avoir terriblement abattu, au point que les quelques 4 années qui lui restait à vivre semblaient, médicalement, inespérés. Le voyage vers la Grèce prit bien moins de temps qu’à l’aller. N’ayant plus besoin de nous déplacer avec de lourds contingents armés, nous partîmes en équipage léger, laissant la fin du printemps nous pousser à travers la Syrie, tandis que nous faisions quelques haltes symboliques, à Antioche, Tarse ou Smyrne. Bien que l’accueil se révéla généralement plus naturel que l’année précédente (l’absence des Légions, certainement…) je ne pus que constater un phénomène nouveau pour moi, qui ne connaissait finalement pas très bien l’Orient. Les sectes chrétiennes, sur le compte desquelles courraient les pires des horreurs, semblaient prospérer dans la région, alors que cette religion restait encore assez souterraine à Rome même. Des lieux de prière avaient été édifiés pour leur culte, tranchant particulièrement avec le faste que nous avions à servir les dieux du Panthéon. Marc Aurèle se révéla durant le voyage très critique quant aux us et coutumes des chrétiens, qui refusaient ainsi toute la lumière apportée par Rome. Enfin, au cœur de l’été 176, nous entrâmes enfin à Athènes, laissant derrière nous les étapes les plus épiques de notre voyage. Si l’année précédente nous nous étions contenté de passer un peu plus au nord, j’avais là l’opportunité de retrouver des pans de mon passé, dont les souvenirs, au contact des lieux qui avaient bercé mon enfance, pouvaient enfin refaire surface. http://img294.imageshack.us/img294/3122/acropolefk1.jpg Du haut de l'Acropole, 7 siécles nous contemplent Marchant dans les ruelles de la vieille Athènes, je pouvais un peu oublier les événements de l’année passée, détachant enfin mon esprit des manigances de Schnickeon. Celui-ci s’était révélé particulièrement discret depuis notre affaire commune à Alexandrie, et c’est non sans une certaine joie que j’écoutais les ragots, toujours coutumiers à la Cour, parler des difficultés de Schnickeon pour garder son emprise sur Commode. La lutte d’influence était le sport favori des intrigants romains, et Marc Aurèle n’avait pas fait mystère que son fils serait appelé à régner après lui. Schnickeon avait réussi à s’imposer auprès de Commode, ce qui s’était traduit par quelques cadavres abandonnés le long de la route qui nous avait conduit de la Grèce à l’Egypte. Il lui fallait maintenant consolider un peu plus sa position, alors que de nouveaux favoris louvoyaient autour de Commode. Perennis, déjà présent depuis plusieurs mois dans cette longue suite, semblait l’étoile montante du régime qui se mettrait en place avec l’avènement du fils de Marc Aurèle. N’hésitant pas à prostituer son fils Chal, qu’il envoyait directement dans le lit de Commode, Perennis disposait d’un atout supplémentaire face à Schnickeon, qui pouvait difficilement rivaliser avec la jeunesse de Chal. Le climat de guerre larvée qui s’instaurait depuis quelques temps autour de la personne de Commode n’avait rien de feutrée, maintenant que Schnickeon avait pris toute la mesure du danger représenté par Chal et Perennis. J’avais malheureusement bien conscience que je pouvais constituer une carte dans le jeu de Schnickeon depuis que celui-ci me tenait, restait à savoir quand et comment cela allait se concrétiser. Avec un peu de chances, Schnickeon ferait partie de la prochaine charrette de victimes, et la pression qu’il exerçait sur moi disparaîtrait aussitôt. Enfin cela restait une prière assez vaine, car j’avais pu observer comment le machiavélisme de Schnickeon lui permettait d’échapper aux embûches et de manipuler tout son entourage, à commencer par le fils de l’empereur. Tandis que le début de l’automne s’étendait sur la Grèce et que Marc Aurèle s’initiait aux Mystères d’Eleusis, je me rendais dans les entrepôts où je savais que mon frère Chazam faisait fleurir son commerce. Je ne l’y trouvais pas – ce qui m’étonnait guère, le sachant certainement quelque part au bout du monde, à négocier tel ou tel objet dans des quantités pharaoniques – mais constatait une activité fonctionnant au ralenti. Les assistants de Chazam me pressèrent de questions sur lui dés qu’ils apprirent qui j’étais, ce qui ne lassa pas de m’inquiéter. Désappointés d’apprendre que je n’avais pas eu de nouvelles de mon frère depuis que je l’avais croisé au nord d’Athènes un an plus tôt, ils me racontèrent ce qu’ils savaient. Apparemment le voyage organisé par Chazam en Judée afin d’y faire du négoce avait tourné court, ou plutôt avait, à un moment ou un autre, sérieusement dérapé. Au bout de quelques mois, inquiet de ne pas avoir de nouvelles de leur patron, qui n’avait donné aucun signe de vie alors qu’il envoyait habituellement un nombre impressionnant de messages, de consignes et d’ordres divers, les assistants de Chazam avaient commissionné l’un des leurs afin de retrouver sa trace à travers les terres de Judée et de Samarie. Il s’avéra que si le bateau sur lequel avait embarqué Chazam était bien arrivé à destination à Césarée, les contacts avec lesquels il devait négocier dans la région ne l’avait jamais vu. Certaines sources affirmaient bien avoir entendu parler d’un dénommé Chazam le Grec, mais ses pas semblaient s’être perdu quelque part du côté de Jérusalem. Après plusieurs semaines de vaines recherches et d’une enquête infructueuse, le négociant envoyé par les siens était revenu à Athènes, sans en avoir découvert plus. Depuis, se lamentaient les assistants de Chazam, l’activité avait considérablement freiné, les hommes étant dans l’incapacité de reproduire le génie aventureux de leur patron. Non seulement plus aucun nouveau contrat n’avait été mis en place depuis des mois, mais en plus le travail initié par la poigne de Chazam se heurtait maintenant à l’absence de celui-ci. Me montrant ainsi quelques ballots qui attendaient dans un des entrepôts, un assistant me confirma que de par sa jeunesse et son courage, Chazam s’était fait connaître jusqu’aux limites de l’empire, et que des hommes biens plus âgés que lui étaient incapables de faire preuve du charisme qui l’animait. Sans Chazam, son commerce commençait dangereusement à péricliter. Assistants et négociants avaient attendu le plus longtemps possible, espérant un retour du jeune prodige, mais la désolation qui pouvait se lire sur mon visage enterrait tous les espoirs. La débandade sonnait, et les commerçants ne tarderaient pas à lâcher définitivement le commerce autrefois très lucratif mis en place par Chazam. Follement inquiet pour mon jeune frère, mais ne sachant par où commencer une recherche qui jusque là avait été infructueuse, je rongeais mon frein, attendant impatiemment que Marc Aurèle lâche son étude de religions de bonnes femmes et daigne mettre le cap sur Rome. Enfin le moment arriva ou l’empereur, certainement épuisé par tout ce qu’il avait pu vivre à Athènes, décida que nous devions retourner à Rome. Alors que nous embarquions tous sur le bateau qui devait nous emmener à Brindisi, je ne jetais qu’un regard troublé sur les collines grecques. Ce fut pourtant la dernière fois que je vis ma patrie. S’ensuivirent quelques jours de navigation, puis trois longues semaines nécessaires pour remonter toute la péninsule italienne. Le voyage nous emmenait vers le Triomphe organisé à Rome pour Marc Aurèle, absent depuis 7 ans, et son fils Commode, qu’il souhaitait nommer Consul. http://img158.imageshack.us/img158/1171/planac1.jpg Le tour du Monde en 2550 jours La route fut longue, comme je vous l’avais déjà raconté au début de ce récit, et ce que je vis du Triomphe à Rome emplit mon cœur de peine, à voir un vieil empereur marcher à pied alors que son fils récoltait toute la gloire, fanfaronnant sur son char. Mais mes pensées étaient tournées ailleurs, vers l’homme qui venait de se présenter à moi dans la tribune que j’occupais, et d’où j’observais le pathétique spectacle d’une fin de règne. L’homme était plutôt de taille moyenne, et portait sous sa toge un bien étrange vêtement, non par sa couleur ou sa matière, mais par le motif qui y était cousu. « - C’est un hydre, j’ai acheté ce vêtement lors d’un voyage en terre Parthe, il y a de cela des années, cela remonte à ma jeunesse, avant que ce bonhomme ne naisse ! Et l’homme passa sa main dans la touffe de cheveux du garçon qui l’accompagnait, et qui ne perdait pas une miette du spectacle qui se déroulait plus bas. Je portais mes yeux sur l’homme qui était en face de moi, et qui pour me saluer, me prit le poignet dans sa main droite. Je faisais de même. -Tu es l’enquêteur dont on m’a tellement parlé ? L’homme se redressa, fier que sa renommée soit allé jusqu’à l’entourage de l’Empereur. -Oui, parfaitement ! Lucius Coelius, pour te servir. Et voici l’un de mes fils, qui j’espère prendra ma succession quand il sera plus vieux. N’est-ce pas, Jmlus ? » Complètement insensible à la main de son père qui s’attardait sur sa chevelure débordante, Jmlus continuait à s’émerveiller devant le spectacle impérial. |
C'est mignon à cet age ! :lol:
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:lol: :lol: :lol:
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Marc Aurèle n'est vraiment pas pressé de rentrer à Rome : il part d'Egypte en mars, à l'orée de la saison navigable : il attendait le beau temps et en quelques semaines (disons en mai), il aurait pu être à Rome en voyageant par mer.
C'est vrai que la navigation est toujours aléatoire en ces temps, mais c'est indicatif : jamais au début de l'Empire, un prince n'aurait osé s'absenter aussi longtemps de Rome de crainte d'une fronde du Sénat et d'une usurpation. Dans un siècle, Rome aura perdu presque toute importance politique... Sinon, pour Schnickeon, les lions ou le bain d'huile bouillante ? :guillo: |
Trés juste, d'autant plus que sa déjà trés longue absence aurait nécéssité sa présence rapide. Qui plus est, aprés cette marche triomphale du port de Brindisi jusqu'à Rome, Marc Auréle a encore pris le luxe de ne pas s'installer dans les Palais du Palatin (donc à l'interieur de Rome) mais à Lavinium (une petite ville quelques kilométres plus au sud de la capitale)
De là à voir un empereur qui fuyait Rome... (sur un régne de 19 ans, il en aura passé prés de 15 aux frontiéres, principalement à lutter contre les menaces barbares. Pour certains historiens, le début du déclin de Rome date de son régne, avec des secousses qui donnent une idée des invasions qui surviendront de plus en plus souvent, jusqu'au saccage final de Rome au Véme siécle) |
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Mais à l'époque impérial, je ne pense pas que cela concernait l'Empereur(d'autant plus que Marc Auréle avait mis là les grands plats dans les grands : dés son arrivée en Italie, il s'était vétu de sa toge et avait laissé tombé la cuirasse, et apparement l'armée qui le suivait avait fait de même :choc: ) Qui plus est, dans l'enceinte même de Rome, Marc Auréle avait été acclamé Imperator par ses troupes, plus d'un mois avant le triomphe proprement dit. Apparement, c'était plus un geste trahissant la lassitude de l'homme (que les épreuves avaient considérablement vieilli) |
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Chapitre 11 : Schnickeon, Chal et Perennis, de l'Affrontement des Favoris
Je reportais quelques instants mes yeux sur le Triomphe qui s’étendait plus bas, impérial. J’avais constaté, amer, que Schnickeon en faisait parti, suivant de quelques pas le char où trônait Commode. J’avais également remarqué un visage impavide qui était loin de m’être inconnu, et même si j’avais espéré me tromper, du fait de la distance qui me séparait de la procession, l’armure et le casque étaient bien celui de Julius Sentencius. Le centurion avait certainement fini sa sordide tâche, même si les rumeurs, encore plus insistantes maintenant que l’on était à Rome, affirmaient qu’un jeune inconnu, certainement un fils adoptif ou l’un des enfants illégitimes d’Avidius Cassius, avait réussi à échapper au massacre qui avait touché tous les membres de la famille du général. A mes côtés, Lucius Coelius regardait lui aussi le spectacle, un léger sourire aux lèvres – je ne savais pas si je devais y voir du sarcasme ou de l’admiration. L’enquêteur était bon, et déjà de nombreux notables lui avaient confié des missions requérrant un minimum de discrétion dans une ville aussi bavarde que Rome. De plus – et c’était là ce qui avait emporté ma décision – l’homme avait déjà voyagé pendant de nombreuses années en Orient, j’espérais donc que la connaissance qu’il pouvait avoir des peuples de Judée Samarie lui permettrait rapidement de retrouver la trace de mon frère Chazam, disparu 1 an plus tôt. http://img151.imageshack.us/img151/1699/triompheuv3.jpg Une poignée de soldats triomphants passant sous l'arc de Titus Tandis que son fils Jmlus restait sur place, les yeux grands ouverts et les cheveux en bataille, j’entraînais Coelius sous les arcades afin de lui donner toutes les informations qui pouvaient lui être d’une aide quelconque. Si nous étions d’accord que Chazam avait disparu aux environs de Jérusalem, Coelius estimait que son enquête devait débuter à Césarée, le port ou mon frère avait débarqué. Alors que je poussais Coelius à aller directement au cœur du problème, celui-ci me fit sagement remarquer qu’après plusieurs mois, la piste avait largement eut le temps de refroidir et que quelques jours de plus n’y changeraient rien. Coelius espérait surtout trouver des éléments expliquant la disparition de Chazam quelques jours en amont, alors que ce dernier effectuait le voyage entre Césarée et Jérusalem. L’homme m’avait été chaudement recommandé, mais je découvrais là un homme honnête, patient, et qui s’annonçait méticuleux. J’avais toutes les chances de mon côté pour pouvoir retrouver Chazam. Tandis qu’une bourse pleine passait de ma ceinture à la sienne, je faisais une prière silencieuse aux dieux afin qu’ils guident Coelius sur la bonne voie. Une semaine s’écoula, et j’imaginais déjà Coelius voguer sur la Méditerranée, quand vint l’heure du second triomphe pour Commode, moins formaliste mais tout aussi important que celui qui avait fêté la victoire de Marc Aurèle sur ses adversaires. Le petit morveux n’avait pas encore fêté ses 16 ans que son père lui offrait le titre de Consul, marquant par là même sa décision que son fils lui succéderait – ce qui était tout sauf évident pour le régime que nous connaissons . L’année 177 commençait ainsi sous de bien mauvais augures, même si le plébéien de base se félicitait sottement de la décision du vieil empereur. Je devais admettre que les choses avaient été faites en grand, et l’association de Commode aux victoires de son père laissait chez tous l’image d’un adolescent courageux et amené à rajeunir et revitaliser l’Empire. Le cadeau impérial que reçurent tous les Romains avait également largement favorisé la liesse qui s’étendait à toute la ville : après 8 ans d’absence, et pour fêter son retour et la position occupée par Commode, Marc Aurèle avait fait distribuer 8 pièces d’or, soit 800 sesterces, à chaque citoyen. Un matin, un esclave apporta chez moi un petit sac de cuir fermé par un cordon, provenant directement du Palatin. Je l’ouvrais, et y trouvais les 8 pièces qui étaient traditionnellement distribuées aux seuls plébéiens. Je prenais l’une des pièces entre mes doigts, sans comprendre pourquoi je recevais ce qui apparemment ne m’était pas destiné, avant de blêmir et de lâcher le tout sur le sol en marbre. L’un des pièces roula sur 2 ou 3 mètres, avant de s’échouer contre la bute qui surélevait la grande cheminée qui réchauffait toute la pièce. La pièce sembla hésiter quelques instants, avant de tomber avec un petit bruit mélodieux. Je me rapprochais, regardant le côté face de la pièce, parfaitement visible. Je reconnaissais le visage de Faustine, qui semblait cerné de flammes : l’or renvoyait les reflets venant de l’âtre, dans une image qui m’épouvanta. Même disparue, Faustine était appelée à me hanter, me poursuivant dans mes rêves et même ici, chez moi. Je quittais la pièce, sachant qu’à mon retour l’un des esclaves aurait certainement fait disparaître ces pièces qui m’effrayaient tant. C’était la première fois que j’avais sous les yeux le résultat de l’un des souhaits de Marc Aurèle, décidé un an et demi plus tôt à Halala – ou plutôt Faustinopolis. Des pièces à l’effigie de Faustine avaient donc été frappées après sa mort, empêchant quiconque (et surtout moi) d’oublier son visage. http://www.faulquemont.com/coins/p_faustine_venus.jpg Oh qu'elle est ... euh... belle ! Mais comme elles étaient rares parmi l’incroyable masse monétaire sortant chaque année du Trésor Romain, je n’avais pas à chercher loin pour trouver l’instigateur de ce cadeau empoisonné : Schnickeon se rappelait à mon bon souvenir, affirmant par là que je lui étais toujours redevable. J’étais surpris qu’il s’intéresse encore à moi alors que l’affrontement avec Perennis et son fils Chal prenait une tournure des plus sérieuses. Commode devenu Consul, il n’y aurait la place que pour un seul favori, qui concentrerait entre ses mains un pouvoir potentiellement illimité. Chacun des coups qui étaient désormais portés à l’autre avait pour but non pas seulement de l’éloigner de Commode, mais de le discréditer, lui faire perdre la face et la vie. C’est dans ce climat particulièrement étrange que débarqua à Ostie le gouverneur de Cappadoce, Venitius Varon. L’homme avait deux ans auparavant sauvé la mise à l’empereur en Orient, s’assurant de la fidélité de ses troupes et faisant tout pour que la révolte d’Avidius Cassius soit circonscrite à la seule Egypte. Sa venue sembla surprendre agréablement Marc Aurèle, tandis que le reste de la Cour était dans l’expectative, s’attendant à un nouveau coup tordu entre Schnickeon, Perennis et Chal. Les courants se faisaient et se défaisaient au rythme des victoires des uns ou des autres, dans un ballet se révélant mortel pour celui qui se trompait sur le sens d’où soufflait le vent. J’eus la chance, comme beaucoup d’autres, d’assister à l’entrevue entre Marc Aurèle et Venitius Varon. Celui-ci était suivi d’un jeune homme qui m’était parfaitement inconnu, et que Venitius présenta en ses termes à Marc Aurèle : "- Altesse, j’étais présent lors du repas où vous avez assuré ne pas rejeter la faute du général Avidius Cassius sur sa progéniture, sa famille ou l’un des quelconques membres de sa descendance. Cette promesse, vous l’avez également faite auprès des Sénateurs, et il n’est pas dit que je laisse par mon inaction votre parole être désavouée, à votre insu, par des comploteurs. Ce jeune architecte s’est jeté à mes pieds alors qu’il fuyait depuis plus d’un an une mort certaine, celle qui s’est abattue sur ses frères, ses sœurs, sa mère, à travers tout l’empire. Altesse, je vous présente le dernier fils du général Avidius Cassius, Caius Avidius, et j’espère que vous trouverez celui qui complote contre votre auguste personne, en vous défiant de la sorte." http://img187.imageshack.us/img187/6327/theatrebd3.jpg Avant de construire ça, mange ta soupe ! (Avidius Cassius à son jeune fils Caius Avidius) Quelques exclamations s’entendirent parmi les témoins, peu habitués à ce qu’un empereur se voit tenu un discours de la sorte. Je savais pourtant que Venitius Varon était certainement l’un des rares gouverneurs, peut être le seul, à pouvoir s’adresser de telle manière à Marc Aurèle : sa fidélité lui conférait une assurance et une liberté de parole que tous ne pouvaient avoir. Tandis que Marc Aurèle digérait ces paroles, je m’attardais un peu sur les traits d’Avidius Caius. L’homme avait aussi de la trempe, après avoir fuit pendant des mois le glaive de Julius Sentencius, de se jeter ainsi dans la gueule même de l’ennemi. Mais c’était particulièrement judicieux, puisqu’il venait rappeler les paroles proférées par l’empereur et qui avaient été démenties par la suite - se plaçant ainsi sous sa justice, mais surtout celle de Rome, seule à même de le sauver. C’était très bien joué, et celui qui s’avéra un jeune architecte pu ainsi commencer sa carrière pour le bien de Rome, à construire cirques et amphithéâtres, une fois absout des fautes de son général de père. Dans l’entourage de Commode, à quelques mètres l’un de l’autre, Perennis et Chal jubilaient tandis que Schnickeon présentait un visage livide. http://img145.imageshack.us/img145/646/schnickyl2.jpg Sauras tu retrouver qui s'ennuit et n'a plus d'amis ? |
Chapitre 12 : Des qualités du jeune Caius Avidius, futur bâtisseur
La révélation faite par le gouverneur de Cappadoce, Venitius Varon, eut des conséquences directes sur l’entourage de Commode. Marc Aurèle, a qui il avait été fait le grief, en public, d’avoir au mieux été dans l’ignorance de l’assassinat commandité sur la famille du général Avidius Cassius, sinon d’avoir délibérément menti, ne pouvait laisser un tel fait entacher une réputation qui jusque là était sans faille. Je découvrais ainsi dans l’intimité un homme finalement assez soucieux de l’image qu’il laisserait dans la postérité. L’égo un tant soit peu exacerbé de tout homme ayant dans ses mains la destiné d’un Empire et de ses 70 millions de sujets ? Ou le philosophe qui ne voulait pas que les actes de toute une vie, appelés à être commentés par ses successeurs, ne soient jugés à l’aune de ce qui révélait, certainement, d’une faute ? Même au service de cet homme, je n’eux jamais la certitude qu’il fut responsable ou non, directement, des nombreux décès ayant frappé la famille Cassius. Mais le déballage public qui avait suivit l’affaire obligea l’empereur à s’excuser auprès du dernier fils du général, Caius Avidius. L’affaire pu être arrangée par la conclusion d’un contrat visant la réfaction de bâtiments publics à Rome même, et dont Avidius se vit chargé par cooptation impériale. J’eus l’occasion par la suite de me trouver quelques fois en contact avec le jeune Avidius, et l’image qu’il me laissa était particulièrement mitigée. Le jeune architecte était talentueux, certes, mais ses qualités humaines bien plus discutables. Faisant peu de cas des ouvriers qui travaillaient sur les chantiers, il accélérait sans cesse les constructions, rognait sur les coûts et la sécurité, ce qui se traduisit par un nombre anormal d’accidents mortels lors des travaux. Sa réputation fut bientôt faite et Avidius vit rapidement le nombre de travailleurs libres travaillant sous ses ordres chuter, au point qu’il dut avoir recours à un nombre important d’esclaves pour colmater les accidents et les départs. Chose étrange également chez un homme venant d’une famille illustre - bien que le nom du général ait été effacé des édifices suite à sa sédition – était cette passion que le jeune Avidius semblait avoir pour tout ce qui se rapprochait du monde de l’arène, des gladiateurs et du sable que l’on versait sur le sang encore frais sur la piste. C’était là une passion fort compréhensible pour la plèbe, qui trouvait là un exutoire à sa basse condition, mais bien plus rare chez les patriciens et les chevaliers romains. Les sénateurs continuaient bien à se déplacer dans l’enceinte du Cirque Flavien, mais c’était souvent par nécessité d’être vu, et il n’étaient pas rare d’en voir certains s’endormir sur les gradins tandis que la foule s’enthousiasmait devant une nouvelle hécatombe. http://img291.imageshack.us/img291/3069/colisewx0.jpg Avidius Caius regardant l'équivalant du Drucker local J’avais de mon côté bien du mal à voir un quelconque intérêt à ces spectacles, ce que mon entourage mettait sur le compte de mon origine grecque. La vérité était bien plus crue : suivant Marc Aurèle durant ses 6 années de guerre sur les rives du Danube, j’avais eu sous les yeux une cohorte de blessés et de morts, peut être bien plus que tout autre chirurgien grec ou romain. Aussi voir des hommes s’entretuer pour le seul plaisir de pauvres hères qui emplissaient les cirques, cela dépassait mon entendement. Avidius semblait donc particulièrement apprécier la vie qu’il menait à Rome, et jamais je n’entendis de sa bouche une quelconque plainte sur le sort qui avait touché sa famille. Je le soupçonnais rapidement d’avoir pris la fuite pour éviter le glaive de Sentencius, mais sans qu’il ait exprimé un quelconque regret quant au sort qui avait frappé ses parents ou sa fratrie. Dans le même temps qu’il donnait d’une main, Marc Aurèle se vit dans l’obligation de sévir et le coupable fut tout trouvé : Schnickeon, le favori de Commode, celui qui prenait ses consignes du fils de l’empereur et faisait tout pour grader sa place auprès du futur héritier. Marc Aurèle montra là sa fine connaissance de la politique romaine, en n’agissant pas de manière frontale. Inculper Schnickeon aurait signifié discréditer Commode, or l’empereur semblait persister dans sa volonté de mettre sur le trône son fils, qu’il se révèle un incapable, un intrigant ou un assassin. L’homme vieillissant s’était mis des ornières, considérant que la légitimité de ses successeurs était la seule à même d’éviter de funestes écarts, comme avait pu l’être la rébellion du général Cassius. Le lendemain de l’entrevue entre Venitius Varron et Marc Aurèle, une accusation insistante filtrait des palais du Palatin, mettant en cause le passé de Schnickeon et l’enrichissement démesuré fait sur le dos de l’Empereur et de ses sujets. Il était monnaie courante que des proches des empereurs s’enrichissent ainsi, et on gardait encore à l’esprit les fortunes démesurées des plus connus, comme Sénèque et ses 300 millions de sesterces, un siècle plus tôt. Schnickeon n’avait pu faire une telle razzia sur le trésor, mais les premières estimations parlaient d’une fortune acquise de plus de 40 millions, une somme scandaleuse sachant l’état de dénuement dans lequel était arrivé le proxènete grec 2 ans plus tôt. Marc Aurèle pressa alors Commode de mettre un terme à la rumeur qui enflait et qu’il avait sciemment initié dans l’un des bureaux de travail de son palais. Son fils, qui perdait contenance de jour en jour, se sépara alors de Schnickeon et l’on vit se dernier, un matin, quitter la colline du Palatin avec or et bagages, amenant avec lui un nombre impressionnant de partisans qui s’étaient trop longtemps mouillé à ses côtés pour rester à la Cour une fois sa disgrâce venue. La procession se délita néanmoins rapidement, les courtisans s’égayant comme des moineaux pour fuir Rome et le destin fatal qui devait certainement frapper Schnickeon. Ce dernier se retrouva rapidement seul, flanqué seulement de quelques hommes de main, avec l’interdiction de quitter la ville le temps qu’une enquête se penche sur ses agissements. http://img512.imageshack.us/img512/4...cessioncw3.jpg La procession quitte le Palatin ? Hop, un regard derriére, on est pas sur de revenir ... Des fenêtres de sa suite, Perennis avait du assister avec délice au départ de son rival. Schnickeon écarté, et avec son fils Chal dans les draps de Commode, Perennis s’était offert la place de favori et les espérances qui allaient avec. |
Chapitre 13 : Où Otto reçoit un invité peu orthodoxe
Au bout de quelques semaines, Rome bruissait encore de l’humiliation infligée à Schnickeon, tandis que la multitude, l’échine courbée, se pressait autour de Perennis, espérant ainsi s’attirer les grâces du nouvel homme fort de Commode. Le peuple ne s’était pas trompé, depuis sa nomination comme Consul, Commode s’exerçait à ce qui serait bientôt sa future tâche. Comme en retrait, son père Marc Aurèle consacrait tout son temps à l’écriture de ses mémoires, semblant se désintéresser de ce qui se passait dans l’Empire. Et pourtant les nouvelles semblaient alarmantes de tous les côtés : les Parthes semblaient vouloir de nouveau faire ingérence dans le gouvernement proromain mis en place en Arménie, tandis que les barbares refluaient de nouveau sur les rives du Danube, après seulement quelques années de paix. Tout cela me laissait de marbre. J’avais même complètement évacué de mon esprit le souvenir de Schnickeon et le chantage qu’il exerçait sur moi. Je ne songeai qu’à Coelius, dont je n’avais plus de nouvelles depuis plusieurs mois, depuis qu’il était parti en Palestine pour retrouver la trace de mon frère Chazam. J’envoyais chaque semaine un serviteur au domicile de Coelius, espérant chaque fois obtenir des nouvelles… il n’y en avait jamais. La femme de Coelius, BenArtistim, était morte d’inquiétude, tant pour son mari que pour son fils, Jmlus, qui avait accompagné son père dans son périple. Pour le former, avait-il dit, mais je commençais à penser qu’il avait mal évalué l’éventuel danger du voyage. La vie à Rome continuait son lent cheminement, semblant éviter les aléas de ce qui se passait tout autour. Nous fûmes les derniers à entendre parler d’une épidémie de peste qui s’étendait à travers l’Egypte et menaçait, en emportant tous les travailleurs de la région, l’approvisionnement en blé de la capitale. Nous fûmes également les derniers à apprendre la recrudescence de violence qui touchait la Palestine et qui n’était pas du, cette fois, aux Juifs, mais aux Chrétiens. Une nuit, un serviteur vint me réveiller pour m’annoncer qu’un visiteur tambourinait à la porte de l’insula. Mes hommes avaient beau avoir menacé de l’assommer si c’était le seul moyen pour le faire taire, il insistait pour me voir et affirmait que je le connaissais. Il n’avait bien entendu pas divulgué son nom. Je passais une dague à mon côté et demandais à mes hommes de fouiller le visiteur, et de se tenir prêt à intervenir s’il se révélait dangereux. Cette manière si brusque de me tirer de mon sommeil était certainement signée Schnickeon. Tandis que j’attendais dans le patio, sous la surveillance d’un serviteur, le visiteur entrait et, une fois assurée de son inoffensivité, se présentait à moi. Il semblait bien trop menu et trop petit pour être Schnickeon, mais il pouvait toujours s’agir de l’un de ses hommes. Quand je pu distinguer son visage, à la lumière d’une torche, je me rendais compte qu’il s’agissait non d’un enfant, certes, mais d’un adolescent, qui ne m’était pas inconnu. Et cette chevelure … je me jetais aussitôt sur lui, maintenant que j’avais reconnu Jmlus, le fils de Lucius Coelius. Le garçon s’était épaissi et avait gagné en stature, on pouvait déjà deviner l’homme qu’il serait plus tard. Son visage était presque noir, de poussière peut être, ou d’une année passée sous le soleil brûlant de l’Orient. Son regard, surtout, s’était affirmé, et j’y distinguais des éclats de dureté .Il était loin, l’enfant aux yeux papillonnant qui ne pouvait détacher son regard du Triomphe organisé un an plus tôt … Si sa voix, qui terminait tout juste de muer, décrocha chez moi un sourire instinctif, les nouvelles qu’il m’apportait m’étourdirent au point que je dus m’asseoir pour encaisser toute l’histoire. Coelius avait donc embarqué à Ostie avec Jmlus, et tous deux avaient vogué d’abord jusqu’au Pirée, afin de suivre le chemin exact de Chazam à son départ de Grèce. La situation sur place s’était dégradée, et la quasi totalité des apprentis de Chazam avaient abandonné le navire avant la faillite qui était inéluctable. Ils avaient ensuite accosté à Césarée, en Judée Samarie, et remonté le chemin jusqu’à Jérusalem, là où sa trace s’était perdue. Si Coelius avait rapidement compris qu’aucun négociant n’avait jamais vu Chazam sur place, il lui avait fallu des trésors d’ingéniosités pour dépasser les problèmes de la langue, de la religion et des cultures différentes pour progresser dans son enquête. Les résultats étaient là, épouvantables : Chazam était bien en vie, certes, mais son penchant déjà prégnant pour la liberté face au poids du monde romain l’avait fait franchir le Rubicon : plongé dans un monde étrange, dans un vaste chaudron de cultures cosmopolites se réclamant toutes bien plus anciennes que les Romains et même les Grecs, Chazam avait fait office d’éponge, emmagasinant toute la rébellion du monde oriental. Se voulant tout d’abord Juif, quand il avait contemplé les restes du dernier temple détruit à Jérusalem, il avait ensuite été conquis par le christianisme, y voyant certainement un exutoire à son rejet de Rome. http://img296.imageshack.us/img296/1421/romegi9.jpg Rejeter Rome, c'est rejeter tous les bienfaits de l'humanité ... Tandis que la gorge nouée, je réclamais à l’un des serviteurs une coupe de vin, que je coupais d’eau avant de la boire d’une traite, Jmlus allait de révélation en révélation. Effectivement la colère grondait en Palestine, où les Chrétiens avaient décidé de partir en guerre contre la moralité romaine. Cela ne devait pas m’étonner, connaissant le caractère aventureux de mon frère, mais c’était bien Chazam qui avait pris les rênes du mouvement, n’hésitant pas à appeler à l’insurrection contre Rome. Quelques crucifixions avaient remis de l’ordre sur place, et Chazam s’était enfuit, décidé à apporter la graine de la rébellion non plus aux marches de l’empire, mais au centre même. Je m’exclamais aussitôt et interrompais le récit de Jmlus. -Tu veux dire que mon frère est ici ? A Rome ? -Non, il a repris un autre bateau à destination de Massilia, et il souhaite remonter ensuite jusqu’à Lugdunum. J’étais complètement décontenancé. Qu’allait bien pouvoir faire mon frère en Gaule, et quel était le rapport avec sa nouvelle foi ? Jmlus sembla saisir mon incompréhension et me glissa : -Tu sais, je les ai entendu parler, et je pense qu’ils veulent se faire soulever les Gaules… L’idée était grotesque, et je n’osai imaginer dans quel délire obscurantiste avait bien pu tomber Chazam. La Gaule avait été conquise 250 ans plus tôt, et la romanisation y avait été excellente. Tous les aqueducs de Rome pouvaient s’effondrer avant que la Gaule ne fasse sédition comme une quelconque province d’Asie. http://img372.imageshack.us/img372/9999/lyonsv4.jpg Les futures pentes de la Croix-Rousse, surplombant Lyon, capitale des Gaules Mais en y réfléchissant, l’idée n’était pas si ridicule, vu la place prépondérante qu’avait prise la Gaule dans l’économie romaine. Des révoltes en Arménie ou en Egypte étaient une chose, les menaces que pouvaient exercer les Barbares sur le Danube et les Gaulois de l’autre côté des Alpes en était une autre, bien plus grave, et menaçant directement Rome. Mais qu’est-ce qui avait bien pu passer par la tête de Chazam ? J’étais atterré par cet histoire de conversion, tant les rites chrétiens nous faisaient horreur. J’avais entendu dire que chaque nouveau membre devait planter un poignard dans une épaisse couche de farine, dans laquelle était caché un nouveau né. C’était par cet acte ignoble que les Chrétiens croissaient, dans la culpabilité de chaque nouveau membre devenu un meurtrier de la pire espèce. Soudainement, je tiquais sur ce que venais de dire Jmlus. -Tu dis que tu les as entendu parlé… de qui s’agissait-il ? -Hé bien… de Chazam, et de mon père, entre autres ! me répondit Jmlus, en toute innocence. Je tendais mon verre pour le remplir de nouveau, mais mes doigts tremblaient tellement que le verre m’échappa et se brisa sur le sol en mosaïques. -Ton père… mais pourquoi va-t-il en Gaule ? -Mais parce qu’il accompagne Chazam, tout simplement ! Et Jmlus de faire un mouvement d’épaules hautain, comme si tout allait de soi. J’eus soudainement envie de baffer ce mioche débile, qui semblait me prendre pour un crétin et en disait bien moins qu’il n’en savait. Je serrais les poings, et tentait de garder mon calme. http://img519.imageshack.us/img519/3763/jmlusar4.jpg Sale gosse ! Une grosse tignasse cachant une tête creuse ! -Mais dis moi… tout cela a encore un rapport avec l’enquête que j’ai confié à ton père ? Jmlus leva les yeux au ciel, avant de m’achever : -Non, il y va car il croit en Chazam, tout simplement ! Tandis que j’étranglais mentalement Jmlus et ses « tout simplement », je réalisais avec horreur que les conversions chrétiennes étaient en marche : j’en avais un exemple devant moi. |
En fait, c'est plus un AAR, c'est une histoire :lol:, et très bonne de surcroit:)
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A mort Otto , vive Jesus ! :mrgreen:
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Citation:
J'avais commencé vaguement un AAR il y a plus d'1 an sur Civ'Rome (sans histoire au début) mais c'est vrai que sur ce type de jeu, autant en faire quelque chose sinon c'est chiant comme la pluie ... c'est pour ça qu'on a rarement vu des AAR sur Sim City (heureusement...) En plus j'ai encore de la marge, j'ai un AAR à faire sur Caesar IV :lol: Citation:
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Ah la famille... http://www.leqg.org/forum/images/smilies/icon_mad.gif
C'est vrai que le christianisme s'est répandu rapidement dans l'Empire, dès le 1er siècle ap. J.C., mais d'abord surtout aux marges du judaïsme, dont les observateurs extérieurs pensaient qu'il était une "hérésie" et auprès de gens d'origine orientale. C'est ainsi que Pothin, premier évêque de Gaule (ce qui indique bien qu'il n'y avait pas de communauté organisée en Gaule auparavant) et martyrisé sous Marc Aurèle est d'origine phrygienne. Irénée, son successeur, est de Smyrne. Blandine, la célèbre martyre, venait probablement d'Asie Mineure. De fait, les religions nouvelles qui parcourent le monde romain (culte isiaque, mithriacisme...) venaient d'Orient. Les Grecs de Grèce ne semblent pas avoir été particulièrement attirés par le christianisme. En effet, même si le paganisme était en déclin, leur formation intellectuelle les pousse plutôt vers les écoles philosophiques et leur besoin de salut vers les cultes à mystères (orphisme, éleusisme, isisme...), d'autant qu'ils distinguent mal le christianisme du judaïsme, pour lequel ils éprouvent généralement une forte aversion. La conversion de Chazam est donc assez surprenante et son projet de soulever les Gaules utopique, sachant qu'il ne devait y avoir au mieux que quelques miliers de chrétiens sur une population estimée à huit ou dix millions d'habitants. Donc, je propose de ramener ce jeune exalté à la raison à coup de pompe dans le train... :fessée: Ah... et on peut en garder un peu pour Jmlus :tongue: A bas Jésus, vive Zénon ! |
Trés juste, tout cela ... :ok:
Aprés on peut imaginer que le panhéllénisme de Chazam (assez présent dans la communautée grecque ... ainsi en 64 ou 65 Néron avait déclaré une certaine "indépendance" à la Grece - trés limitée, certes, et vite infirmée dans les années qui suivirent ) bref cela l'aurait poussé vers une certaine detestation de Rome (que partageaient particuliérement les Chrétiens de cette époque)... de là, pourquoi pas une admiration qui le pousse à se convertir à la "secte" chrétienne au voisinage de l'Orient (il faut voir l'image qu'avaient le peuple romain des Chrétiens... comme cette histoire de bébé couvert de farine et poignardé, qu'on trouve dans l'imagerie romaine de l'époque de Marc Auréle) Enfin bon tout cela se terminera soit à Rome, soit à Lyon (la ville qui connut le plus de martyrs dans les années 176-177), on retombe donc un peu sur le côté historique ;) |
Résumé des épisodes précédents (pasque c'est un petit peu le bordel :lol: )
Printemps 175. Otto Grandpieos, savant d’origine grecque, suit l’Empereur Marc Aurèle et sa femme Faustine dans leur déplacement, en tant que médecin personnel. L’empereur philosophe, tout juste sorti d’une guerre de plus de 5 ans avec les Germains et d’une grave maladie, quitte la rive du Danube avec 4 légions, marchant en direction de l’Egypte. L’un de ses plus brillants généraux, Avidius Cassius, est brusquement entré en rébellion et s’est proclamé empereur, apportant avec lui l’adhésion des territoires sous son commandement : la Syrie et surtout l’Egypte et son Nil fertile, le grenier à blé de l’empire romain. Se sentant usé, vieilli et fatigué, Marc Aurèle demande à son fils, Commode, de se joindre au voyage. L’adolescent, au caractère déjà difficile, amène avec lui toute une Cour de parasites, dont un proxénéte notoire chassé d’Athènes, Schnickeon. A force de brutalité et de bassesses, ce dernier devient le favori de Commode, et détient potentiellement un pouvoir considérable. Le voyage est long, très long, et se fait principalement par voie de terre. Les semaines s’écoulent, et Otto Grandpieos, du rôle de médecin, tombe dans celui d’amant de l’impératrice Faustine. Celle-ci, usant de la naïveté du médecin, soutire depuis longtemps déjà des informations auprès d’Otto quant à la santé de l’empereur. Otto Grandpieos apprend ainsi que c’est Faustine, se basant sur la très mauvaise santé de Marc Aurèle, qui a en sous-main provoqué la rébellion du général Cassius : Sentant la mort prochaine de son mari, elle promet à Cassius sa main si celui-ci s’empare rapidement du pouvoir qui risque d’être de tomber dans les mains de Commode, encore bien jeune. Faustine espère t’elle régner à nouveau auprès de Cassius, quitte à se débarrasser de son propre fils, Commode ? Le Général Cassius, justement, connaît des désillusions. Une partie des provinces de l’Orient sont restées fidèles à Rome, à commencer par la Cappadoce, où exerce le gouverneur Venitius Varron. Les troupes ne sont pas non plus toutes prêtes à faire allégeance au rebelle, et un centurion, Julius Sentencius, n’hésite pas à assassiner le général Cassius à l’été 175. Il apportera sa tête en trophée auprès de Marc Aurèle, qui s’en détournera, dégoûté. L’Empereur veut être magnanime, et déclare ne vouloir tirer aucune vengeance auprès de la famille du général assassiné. Dans les faits, il n’en est rien, et Sentencius traverse une partie de l’Empire pour ôter la vie aux membres de la famille Cassius. Dans le même temps Faustine s’inquiète de plus en plus des révélations qui ne devraient pas tarder à faire surface : les lettres envoyées à Avidius Cassius, et qui révèle son implication dans ce complot. Déjà grandement commotionnée, et après plusieurs tentatives ratées de suicide, elle demande à son amant (et médecin) Otto Grandpieos de lui ôter la vie, n’hésitant pas pour cela à le faire chanter. Otto prépare un poison fulgurant puis, se ravisant, cache la fiole dans ses bagages. Pourtant, le lendemain, il découvre que la fiole a disparue, et que Faustine est morte durant la nuit : c’est son poison qui l’a emporté. Ne sachant plus trop s’il a été directement ou non l’instrument du crime, Otto apprend, alors que tout l’équipage est enfin arrivé en Egypte, que Schnickeon, le favori de Commode, s’est emparé de la fiole pour faire boire le poison à Faustine. De plus, Schnickeon connait également la relation qui existait entre le médecin et l’impératrice. L’information semble avoir peu de valeur, puisque le corps de Faustine a déjà été incinéré et que la mort est naturelle… comme l’a annoncé le médecin de la Cour, là encore Otto Grandpieos… Pourtant, Schnickeon dispose désormais d’une arme redoutable contre Grandpieos, qui peut l’amener directement à la décapitation. Après plusieurs années d’absence, Marc Aurèle décide enfin de revenir à Rome, non sans passer par la Grèce. Otto espère y retrouver son frère, Chazam, qui tient à Athènes une florissante entreprise de commerce. Las, Otto apprend que lors d’un voyage en Palestine, son aventurier de frère a étrangement disparu. De retour à Rome, fin 176, Otto engage un célèbre privé de la ville, Lucius Coelius, afin d’enquêter sur la disparition de Chazam. Coelius embarque aussitôt pour la Grèce puis la Palestine, entraînant avec lui son jeune fils, Jmlus, qu’il espère voir prendre la succession de son affaire dans les années à venir. A Rome, l’ambiance devient très étrange. Commode est nommé Consul malgré son jeune âge et son inexpérience, et Marc Aurèle semble se tenir en retrait. Le pouvoir est donc détenu en partie par Commode et son entourage, où les favoris se font la guerre pour obtenir les faveurs du futur empereur. Schnickeon a de plus en plus de difficultés à garder son emprise sur Commode, surtout face à un favori sans scrupule comme Perenis : Ce dernier n’hésite pas à prostituer son propre fils Chal auprès de Commode afin d’avoir son appui. Enfin débarque à Rome le gouverneur de Cappadoce, Venitius Varron, qui fait éclater au grand jour l’odieuse traque au sein de l’Empire : la très grande majorité de la famille du générale Avidius Cassius a été assassinée par le centurion Sentencius, malgré les propos réconfortants de Marc Aurèle un an plus tôt. Venitius Varon présente à l’assistance le dernier fils survivant du général, Caius Avidius, et demande la pitié de l’empereur. Marc Aurèle, qui ne peut se déjuger, lance une enquête sur ces meurtres, dont la paternité rejaillit sur le favori de Commode, Schnickeon. Celui-ci doit abandonner les palais du Palatin et semble en bien mauvaise posture, tandis que Perenis et Chal, qui ont œuvré pour ce coup d’éclat, prennent sa place auprès du futur empereur. C’est à cette période, courant de l’année 178, que Otto Grandpieos reçoit enfin des nouvelles non pas de Coelius l’enquêteur, mais de son fils Jmlus. Chazam est bien en vie, même si son voyage en Palestine a eu comme conséquence de refaire sortir sa fibre contestataire. Converti au christianisme, Chazam a fait des émules autour de lui, à commencer par Coelius. Les deux hommes ont ainsi embarqué pour Massilia, avec comme objectif final la capitale des Gaules, Lugdunum, où Chazam espère, par son radicalisme, lancer un vaste mouvement de rébellion contre la mainmise romaine. Endormis depuis quelques décennies, les troubles religieux semblent ressortir un peu partout dans l’Empire, tandis que les Germains se montrent de nouveau menaçants, n’hésitant plus à faire des razzias sur les territoires au nord de la péninsule italienne... http://img144.imageshack.us/img144/7439/romevk1.jpg Rome : au fait de sa gloire, ou au début de sa décadence ? |
Chapite 14 : le Retour de Baton
Je laissais Jmlus rentrer chez lui, où il trouverait certainement une mère en pleurs, persuadée qu’elle était depuis des mois que son mari et son fils avaient été enlevés par des mercenaires du désert, ou s’étaient retrouvé sur un îlot oublié après le naufrage de leur navire. Ma colère contre l’adolescent était retombée, et j’imaginais maintenant les dangers qu’il courrait du fait de l’insouciance de Coelius. La loi était toujours sévère quant au prosélytisme chrétien, et les actions du père pouvaient fort bien nuire au fils – mais Coelius, malgré son aveuglement, avait du certainement en toucher un mot à Jmlus, puisque ce dernier s’était vu confier la tache de mettre sa famille à l’abris. Cette notion même d’abris me glaçait le dos, car elle me donnait une idée (bien maigre, certes) de ce que Coelius et donc Chazam souhaitaient faire à Lugdunum. Je secouais la tête, imaginant Chazam à la tête d’une armée de chrétiens, parcourant la ville pour y mettre le feu à chaque lieu de culte romain. L’idée était absurde et aurait pu me faire rire, en d’autres circonstances. Or là, je tremblais pour Chazam. Ces événements m’avaient définitivement coupé le sommeil et je passais le reste de la nuit à visualiser les événements, ne sachant sur quel pied danser. Un instant, je maudissais Chazam et son intrépidité qui l’avait conduit à la ruine, et peut être au crépuscule de sa vie. La minute d’après, j’étouffais un sanglot et tentais d’élaborer une stratégie pour le sortir des griffes chrétiennes et le ramener à la raison. L’aube me surpris, croulant sous la fatigue et l’inquiétude, et je tombais comme une masse. http://img388.imageshack.us/img388/4346/rome1vg1.jpg Le soleil se lève et baigne Rome de sa lumière étourdissante, et moi je ronfle … Après mille atermoiements, je prenais enfin la décision de quitter Rome et de rejoindre Lugdunum à cheval. J’emmènerais avec moi un ou deux serviteurs afin qu’ils assurent ma sécurité, tandis que le climat particulièrement doux en ce fin d’hiver faciliterait le voyage jusqu’en Gaule. Je me rendais donc au Palatin, et faisait part à Marc Aurèle de mon souhait d’être libéré quelques semaines de ma tâche de médecin auprès de sa personne. L’empereur approuva ma demande après que je lui ai expliqué en quelques mots les faits sur la disparition de mon frère. Je prenais garde de cacher l’essentiel, à commencer par ces histoires de christianisme. Connaissant le tempérament de César quant à tout ce qui touchait aux chrétiens, je ne doutais pas une minute que mon expédition aurait été grandement compromise si je n’y avais fais ne serait-ce qu’une allusion. Une fois obtenue son accord, je retournais chez moi, afin de mettre en place les préparatifs du départ, que je fixais à la semaine suivante. Il était dit que chaque jour me préparait une nouvelle visite. A ma porte patientait un esclave armé qui me jaugea, avant de m’annoncer que son maître m’attendait à l’intérieur. L’esclave dégageait une forte odeur d’ail et j’en déduisais qu’il s’agissait certainement d’un gladiateur qui, par tradition, en mangeait des gousses entières afin d’inquiéter ses adversaires. Comme je rentrais dans l’atrium, j’y trouvais, placé sous le regard inquisiteur de deux de mes serviteurs, Schnickeon. http://img372.imageshack.us/img372/3204/rome3mg7.jpg La même vue, mais le lendemain L’homme avait physiquement énormément changé en quelques mois : la disgrâce transforme un homme ! Ayant perdu tout son surpoids, Schnickeon était maintenant presque émacié, il se frottait nerveusement les mains et son regard dansait d’un point à l’autre, ayant du mal à se stabiliser en un endroit précis. Ses yeux… imaginais-je cette lueur malsaine, ou sommeillait-elle vraiment là ? L’homme avait perdu presque tous ses appuis, l’enquête demandée par Marc Aurèle n’avait pas encore abouti mais Schnickeon devait sentir déjà venir le souffle de la prison, d’abord, et de la mort ignominieuse qui allait de pair. Se sentant acculé, Schnickeon n’avait maintenant plus qu’un moyen de survivre : montrer les dents et se faire le plus menaçant possible. Aussi, alors que je lui demandais la raison de sa présence, il me répondit de faire sortir mes serviteurs. Il était désarmé, comme ils avaient pu le constater, et donc inoffensif. Quant à son gladiateur qui était resté à l’extérieur, j’en étais protégé par un mur épais et une solide porte. Je faisais sortir mes hommes, n’attendant qu’une chose, le départ de Schnickeon. Aussi, alors que je lui redemandais le but de sa présence, sa réponse me stupéfia. « - Tu dois tuer César. Je reprenais mon souffle, avant de lui lancer, encore choqué : -Tu es complètement fou … -Fou, non, déterminé, oui. Débarrasse toi de Marc Aurèle, quel que soit le moyen, et disparaîtra avec lui ton sentiment de culpabilité concernant Faustine. Ce ne doit pas être trop difficile pour toi de t’en approcher, et tu as déjà prouvé que tu étais très fort en poison. Bref démerde toi, mais tue le. Négligemment, je me pinçais la paume de la main afin de m’assurer de la réalité de toute la scène. Reprenant mes esprits après ces terribles paroles, je pu lui répondre : -Je ne veux pas discuter de cela plus longtemps ave toi. Tu connais la sortie, tu n’auras pas besoin que mes hommes t’ouvrent le chemin… -Tue le, ou alors je m’arrangerais pour que après-demain, non demain, même, Marc Aurèle trouve un document prouvant ta participation au complot entre Faustine et Cassius. Comment réagira un empereur cocu, à ton avis ? -Tu es malade, bon à enfermer… je ne toucherai jamais à la vie de César, quelles que soient les menaces que tu exerces sur moi… Et en quoi la mort de l’empereur te profiterait ? -Oh, dans un premier temps ça prolongerait certainement ma vie de 30 ou 40 ans. La tienne aussi, par la même occasion, même si je ne pense pas que tu tiendras autant. Je déglutissais, ayant la désagréable impression d’être un insecte pris dans les filets d’une araignée. Schnickeon avait toujours été dangereux, et maintenant qu’il était aux abois, il était plus que jamais un ennemi mortel. -J’en parlerais à Commode. Je ne suis pas sur qu’il apprécie pleinement ce que tu projettes, et… Schnickeon éclata alors d’un rire joyeux, presque enfantin, qui me glaça encore plus. -Commode ? C’est déjà lui qui m’a demandé de donner le poison à sa mère, quand il a su le sort que Faustine lui aurait réservé avec l’aide de Cassius… Je ne suis pas sur qu’il passerait à l’acte pour son père, mais s’il devait mourir subitement, crois moi, le chagrin causé par la disparition de Marc Aurèle serait très rapidement calmé par son nouveau statut d’empereur. -Et toi tu espérerais ainsi revenir dans ses bonnes grâces… Ce fut peut être la pensée de Chazam, de la détermination dont il semblait habité, qui me donna le sursaut de courage qui me manquait jusque là. J’avançais vers Schnickeon, prenant ce qui devait être mon air le plus menaçant, réellement pris d’une rage que je n’avais pas connue jusque là. -Tu vas sortir de cette maison, et ne plus jamais y revenir. Par la même occasion, tu vas te fourrer tes menaces où je pense, car elles ne marcheront jamais sur moi. Si tu divulgues quoi que ce soit, ce sera ma parole contre la tienne, et j’y laisserai certainement des plumes, mais tu y laisseras aussitôt la vie, aussi sur que je suis médecin. Maintenant disparais de ton plein gré, ou ce sont mes hommes qui vont te faire sortir à coups de bâtons ! Cela sembla faire son effet sur Schnickeon, qui se détourna de moi et, après quelques instants, sortit de l’atrium en direction de l’entrée. Une exclamation retentit derrière l’un des portiques donnant sur la pièce et je vis l’un de mes serviteurs, Lafritius, s’approcher, un glaive à la main. Il me glissa : -Maître, ne le laissons pas partir… tant qu’il est dans les murs, nous pouvons nous en débarrasser. Je posais ma main sur son poignet, et Lafritius baissa son arme. Je n’étais pas comme tous ces Schnickeon, ces Perenis, ces Chal… la vengeance et la violence ne faisaient définitivement pas partie de mes mœurs. Oh, bien sur, j’avais commis là une faute gigantesque, et jamais Schnickeon n’aurait du sortir de là vivant. Néanmoins, souhaiter la mort de mon ennemi était encore une étape qui me semblait insurmontable. Que j’étais naïf, voir bête ! http://img201.imageshack.us/img201/331/rome2eq3.jpg Chez moi, ça craint … Le lendemain, après un passage sur le Forum, je rentrais chez moi et trouvais la porte de ma demeure entrouverte. Alors que je blêmissais à vue d’œil et que j’allais hurler le nom de ma femme et de ma fille, Lafritius, qui m’avait accompagné dans la matinée, sortait son arme et me poussait de côté avant d’entrer le premier dans la propriété. Du coin de l’œil, je notais la présence d’une échelle posée contre le mur extérieur. Enfin, malgré les exhortations à la prudence de Lafritius, je courrais dans les différentes pièces de la maison. Ici et là, des traces de violence inouïe, derrière une porte, le corps inerte du cuisinier, sa poitrine se soulevant difficilement, une plaie béante sur le thorax par laquelle je voyais poindre quelques bulles de sang au rythme de sa respiration. Je détournais la tête, trouvais d’autres corps, mes serviteurs, tous transpercés par de furieux coups d’épée. Je vis Lafritius revenir des chambres à coucher, aussi blême que moi. Je balbutiais : -Et … Ma femme… ma fille … Où sont Randoma et … Lafritius fit seulement un non de la tête qui était plus éloquent que n’importe quel mot. Je reprenais mon souffle avant de hurler dans la pièce dévastée par les hommes de Schnickeon. PS : Sur cette partie, les images ne correspondent pas forcémment à l’intrigue… disons que je suis en période de rodage, j’ai fais des testes entre Imperium Romanum, Caesar IV et Civ City Rome Le 1er screen en haut est tiré de Imperium Romanum, tandis que les 2 suivantes viennent de Caesar IV. J’ai essayé de reconstruire dans CaesarIV une ville sur le même fonctionnement que celle dans Imperium Romanum (des champs fertiles, entourés des habitations de la ville qui déborde) et même chose dans CivCity Rome (pas de screen ici : j’ai eu un soucis de sauvegarde… la flemme de recommencer) Ca permet de se faire une idée sur les qualités graphiques du jeu (A mon avis, Civ Rome devant Caesar IV, lui-même devant Imperium Romanum), la richesse des édifices (Caesar revient en tête) et les possibilités et l’interet (et là aussi c’est Caesar que je priviligierais) |
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